dimanche 16 mars 2008

Le scaphandre et le papillon

de Julian Schnabel. Avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marie-Josée Croze, Anne Consigny...

Pris au vidéo club en désespoir de cause car il n'y avait rien de rien de rien, mais vraiment rien de rien d'autre à louer...

Donc sans enthousiaste aucun, j'ai pris ce film que je savais être l'histoire d'un homme réduit au grabat par un accident cérébral.

Peu de cascades et de suspens haletant en perspective... D'autant, que comme tout le monde, je connaissais déjà la fin.

Les critiques élogieuses lors du festival de Cannes ainsi que le souvenir d'un film précedent, très intéressant, de Schnabel: Basquiat, sur le peintre du même nom, avec l'excellent Benicio del toro, tempérait cet à prori négatif.

Mais mon instinct avait parlé et bien parlé.

Car au final, c'est un film assez ennuyeux. Forcément quand le personnage principal d'un film ne peut plus bouger qu'une paupière, on doit s'attendre à des péripéties extrêmement réduites.

Donc un type, impuissant comme un nourrisson, est cloué au lit, sans pouvoir esquisser ni le moindre geste, ni la moindre expression, ni le moindre son. Il est entourés de belles femmes qui le regardent avec des larmes de tendresse en se collant à son unique oeil valide.

Il vit dans son for intérieur. Par la grâce de la voix off, on l'entend penser, commenter, se souvenir, regretter d'avoir survolé un peu les choses.

Trop facile sa vie, trop rapide peut-être, rédacteur en chef de Elle à 42 ans le pauvre chou... Des enfants, un divorce, une nouvelle femme.... Le bonheur bobo quoi... Mais voilà que son tronc cérébral déraille et qu'il est foudroyé, emmuré vivant dans son corps.

Belle voix d'Amalric, acteur intéressant dans plein de registres, il y a de la transcendance dans cette voix, mais hélas pas dans le film, l'émotion n'arrive jamais jusqu'au ventre. On reste étranger, à l'extérieur de ce drame.

On baille... Donnons cependant au passage un bon point à Isaac de Bankole, sympathique et drôle.

En tout cas, ce film est la preuve, s'il en était besoin, que l'intensité d'une tragédie personnelle ne garantit en rien l'intensité de la transcription artistique qui en est faite.

samedi 15 mars 2008

Batailles

de J.M Ribes et Roland Topor
avec Pierre arditi, François Berléand, Tonie Marshall au théâtre du Rond-Point

Reprise de pièces écrites, il y a 25 ans alors que Topor était encore vivant et qu'il était ami avec Ribes.

j'aimais et respectais beaucoup Topor, artiste atypique, exempt de putasserie audiovisuelle et politiquement correcte, écrivain, dessinateur, comédien à l'occasion (son rire dans Nosferatu de Wenders, "le maître arrive!!!!", est le seul truc d'ailleurs qui me reste de ce film pompeux et pompé...)

J'avais lu ses " mémoires d'un vieux con" et j'avais trouvé ce name dropping très drôle et rendant bien le pédantisme des mémoires d'artistes ou de sattelites de ces derniers qui ne peuvent s'assoir à une table sans rencontrer Marcel Proust et Beckett, ni discuter avec Joyce sans lui souffler l'idée d'Ulysse. Comme quoi la connerie est la chose la mieux partagée du monde. et ni la culture, ni l'intelligence n'en protège. La vanité est démocratique, elle infecte tout le monde.

Pour la vanité "N'importe quoi,c'est mieux que rien du tout" ,disait d'ailleurs Céline, à propos de ces colons imbéciles qui dans le Voyage, font des concours de fièvre et sont très fiers quand ils gagnent l'épreuve grâce à une poussée particulièrement virulente de leur paludisme.

Donc Topor et JM Ribes qui s'appréciaient beaucoup ont écrit quelques piecettes à deux mains autour du thème de la bataille.

"...en un mois...dans un fou rire de gosses" raconte Ribes.

A l'occasion du 11e anniversaire de la mort de Topor (le 10e aurait fait vraiment trop esprit de sérieux) et de sa très estimable lutte par le rire, Ribes redonne au Rond-point ces oeuvres avec un duo de professionnels chevronnés (Arditi et Berléand) auquels s'ajoute la comédienne et réalisatrise Tonie Marshall.

Le théâtre du Rond-point malgré la chaleur de l'esprit qui y règne est un lieu très froid qui mange un peu les décors et les atmosphères. Les spectacles, là-bas, ont toujours fort à faire pour lutter contre cette emprise.

Batailles n'échappe pas à la régle et bien que les décors soient parfois assez élaboré, l'ensemble fait assez pauvre.

Restent le texte et les acteurs...

Dès le début,"Qu'est-ce que vous faites Plantin ?
Je scrute..." On ne peut s'empêcher de penser à Beckett et,notamment à celui de fin partie, et la comparaison bien sûr n'est pas à l'avantage de Batailles qui reste un persiflage absurde et brillant mais est bien loin de la profondeur du premier.

Tant de pointures en littérature, sont allées tellement plus avant dans ce registre(Beckett,Ionesco, Pinter même...). Cette musique là, déjà, a été joué et rejouée, dépassée, enfoncée, éclatée, éparpillée...

Si Berléand est sobre, Arditi au départ, qui a un jeu très boulevardier laisse un peu perplexe.

Tonie Marschall est la plus courte. Elle interprète des monologues (plus faible au niveau de l'écriture que les pièces, il faut le reconnaître). Et dans cette exercice extrêmement difficile, elle est bien juste. Sans aucun abattage, avec une pauvre voix blanche, elle endort rapidement son spectateur.

Heureusement, les autres textes sont plus enlevés, on finit par s'habituer au jeu d'Arditi et tout particulièrement dans la dernière partie, anti boulevard burlesque, on rit de bon coeur.

Le spectale se termine au moment où l'on commençait à être chaud et l'on reste un peu sur sa faim; Déjà?

Du rire donc, certes un peu léger et vain, vielli peut-être, mais sans prétention. Le spectacle reste entre le café théâtre et le théâtre mais l'on s'ennuie très peu, c'est tellement rare au théâtre qu'il faut le saluer.

Une mention particulière pour le jeu sobre, humble et finalement très fort de Berléand. On peut donc être une vedette au cinéma et savoir tenir sa place. Bravo...

dimanche 2 mars 2008

There will be blood

Film de Paul Anderson avec Daniel Day-Lewis

Les tribulations d'un foreur de pétrole dans un pays sec, seulement fertile en or noir et supertition.

Film monumental mais dénué d'emphase... On suit la quête acharnée d'un homme aprés la fortune qu'il voit comme un bouclier entre lui et ses semblables. L'ascension d'un personnage à la Howard Hugues vers la vacuité des sommets...

Montage remarquable, les scènes coulent, s'enchaînent les unes aux autres, s'ouvrent comme ces fleurs japonaises en papier, naturellement, sans césures, ni coutures, jusqu'à ce que, petit à petit, l'on lise dans le coeur barbare de cet homme...

Monde sans femme, monde sauvage. Rien ne pousse dans ce désert hormis l'intérêt. La haine vivace traverse les êtres. Pas d'oasis, même la relation père-fils est contaminée, faussée, éviscérée par l'ordre des choses.

Cependant, le capitalisme pavé de mauvaises intentions développe la prospérité. Un pays se construit sur la cupidité et le charlatanisme.

Images splendides, vieillies, sépias, paraissant tirées d'un album de photo de la fin du 19eme. On pense à ces noirs et blancs de la ruée vers l'or, à la guerre de sécession, à ces villes boueuses vites montées, à ces types raides aux moustaches épaisses qui posent devant la porte des saloons...

Ces vestiges immobiles d'un passé pas encore mythifié semblent reprendre vie.

Daniel Day Lewis, traits cripés, silhouette tordue sur fond de ciel enflammé, expressionniste, pousse, pousse son jeu et passe quand même...

Comme dans gang of new york, à mille lieux du réalisme ou du naturel, il réussit un triple saut périlleux, faire une composition théâtrale au cinema.

Le problème, parfois avec ce grand comédien, c'est que l'on a l'impression qu'il joue dans un autre style ou dans un autre film que les autres...

Sa puissance, son humanité, son fanatisme finissent quand même par emporter le morceau. Mais on ne regarde plus que lui.

Alors chef d'oeuvre?

Heu...(On en reparle dans vingt ans)

A voir en tout cas.