samedi 30 octobre 2010

Avant la naissance, il s'en souvenait, il flottait quelque part dans un brouillard chaud et suave comme une barbe à papa. Il était... Oui il était. Il était comme liquide, sans tension aucune. Des voix douces lui parlaient. Enfin, elles ne lui parlaient pas exactement selon l'acceptation que l'on donne habituellement à ce terme mais elle l'entouraient en permanence et faisait parvenir des messages à sa conscience. Oui, à sa conscience.

Il n'était pas obligé de vivre. Il pouvait rester dans l'indéterminé. C'était ce qu'elles disaient. Les voix qui d'ailleurs n'étaient pas des voix mais des sortes de vibrations n'employaient pas précisément ces mots bien sûr, d'ailleurs elles n'utilisaient pas de mots, mais le sens était là. Il n'était pas obligé de naître.

Et lui, il s'en souvenait, naïvement, enivré sans doute par cette ambiance harmonieuse et tendre, il insistait. Il voulait y aller. Il connaissait les enjeux pourtant. Les voix les lui avaient expliqué. Il pouvait connaître une incarnation terrible, écoper d'un corps malade, difforme, incomplet, ou bien échouer dans un endroit où le mieux qu'il pourrait faire malgré des efforts surhumains serait de survivre. La souffrance là-bas était une certitude mais il pouvait y avoir des différences colossales de degré. C'était un risque énorme que de vivre. Mais s'il pouvait l'entendre, il ne le croyait pas véritablement ou du moins il pensait qu'il aurait un sort différent, il le sentait, il croyait en sa chance. Quelque chose d'exceptionnel l'attendait. C'était rigolo de jouer quand l'espace devant vous fourmillait de possibles. Pourquoi aurait-il un destin tordu alors tout autour de lui était si doux et que tout devant lui était à écrire? Il sentait l'avenir palpiter, lui faire signe.

Il pris sa décision dans la douceur et ne fut plus dans la douceur, il franchit ce qui le séparait de la vie en dévalant un espèce de toboggan. Il y eût de la lumière et de la peur au bout et puis curieusement l'oubli courut sur quelques années.

Deux, trois, sans doute....

Quel était donc son premier souvenir d'ici bas?

lundi 11 octobre 2010

Prière

pensée du matin
l'oeil est dans le pot
méditation sur l'Objet
rumination, prière, obsession
la pesée est sans cesse recommencée
Où es-tu? Qui es-tu?
cette distance, ce saut dans le noir
ne peut être comblé
antimatière
que la pensée sans cesse renifle, triture, inspecte
à la recherche de l'incandescence
ce qui n'a pas été donné
ne le sera jamais
Le vide crée la pensée
la pensée ne remplace pas la grâce
même si son essence est de le croire