Réflexions inspirées, insufflées par le beau livre de Julien Gracq. Un vrai fervent de la littérature, que l'on imagine occuper la tranquillité de sa retraite, à méditer en tenue de gentleman farmer sur les chemins détrempés de son terroir.
Voilà le livre d'un homme qui a le temps, d'un homme qui a l'estomac bien rempli et des lendemains assurés. Et pourtant si c'est un livre précieux et ciselé, il n'est pas bourgeois, ni ronronnant.
Car il est plein de l'obsession de la littérature. Julien Gracq la questionne comme il se doit, c'est à dire de manière exclusive, comme l'on questionne le mystère à certaines périodes d'ébullition religieuse. La passion quasi mystique pour la littérature est l'incandescence qui lie les éléments et les propulse vers l'infini et au delà comme dirait Buzz.
Lecture riche comme le pot au feu, mais point écoeurante même si l'on procède prudemment, petite bouchée après petite bouchée.
Écriture précise, pointue jusqu'à l'aigu mais également belle et poétique qui sort du vague le rapport à la littérature. On peut donc être tout à la fois analytique et lyrique, lucide et poétique, passionné et froid...
Dans ce livre, on se lave un peu des saletés de l'air du temps, des ego collés aux médias, des tics de pensée et de langage, des bassesses du monde et des siennes en rentrant dans un espace préservé. L'actualité, les bruits du monde fini ne polluent pas sa réflexion. On respire l'air pur des hauteurs.
Oui alors! La littérature, ce mystère, cet art si tard venu, peut occuper toute une vie. Et nous aussi l'on aimerait parfois rejoindre un cloître ou s'acheter un domaine pour dédier des loisirs de rentier ou une retraite de professeur à ruminer autour d'Elle. Ah! comme on cultiverait son âme au lieu de la perdre un peu plus chaque jour.