mercredi 30 juin 2010

La fille de Ryan



















Vu quelques images de la fille de Ryan de David Lean ce matin. Très érotique. Dans un pays bridé, corseté par la religon et le nationalisme, l'amour se jouant de toutes les barrières, de tous les interdits, embrase deux êtres qui étaient de train de passer à côté de leur jeunesse. une jeune irlandaise mal mariée et un soldat anglais, traumatisé dans sa chair et dans son esprit par les horreurs de la guerre de 14. Les amoureux ne se disent presque rien, c'est le corps qui parle. Le corps brimé, frustré de la jeune femme, le corps blessé du jeune homme. Leurs premiers baisers, échangés dans l'auberge du père, sont éperdus, effarés, le désir balayant toute logique, toute prudence... Ils veulent arrêter ces étreintes folles, se séparer, revenir à une attitude plus socialement acceptable mais irrésistiblement les corps reviennent l'un vers l'autre et ils se reprennent encore et encore, la main du jeune homme caresse les seins de la jeune femme. Mais voilà que le monde, les autres, reviennent. La jeune femme se campe derrière le bar et garde un air bouleversé, le jeune homme au visage meurtri par la guerre reprend son masque amer.


Le moment où ils deviennent amant est très beau. Ils se choisissent avec soin, toujours sans parler, un tapis de violettes (en tout cas, c'est des fleurs violettes) et dans un grand silence, troublé à peine par le bruissement du vent, à côté des cheveux paisibles qui vaquent à leurs occupations de chevaux (boire l'eau du ruisseau, manger des végétaux), pendant que le soleil devient de plus en plus éclatant, ils font et refont l'amour. On aperçoit un bout de sein, l'amour est mimé de façon explicite. Le film a été réalisé en 1970...

Dommage que certaines expressions soit un peu appuyées, notamment celles de la jeune femme, sans doute l'absence de texte, ce parti pris magnifique du silence, lui fait- elle croire que comme dans un film muet, il faut tout expliquer avec le visage. Du coup cette vision de l'amour perd-elle un peu de son innocence.

Alertant l'oeil, comme le symbole écarlate de sa virginité cette fois ci vraiment perdue, elle jouit, mais aussi du danger qui rôde, le chemisier rouge de la jeune femme flotte au milieu des arbres.

Ils sont comme au premier jour, innocents, comblés et apaisés dans une nature bienveillante mais on se doute bien qu'il ne tarderont pas à être chassés du jardin d'éden.

En effet, alors qu'ils rentrent chacun de leur côté en se promettant de se revoir, sous un pont une sorte de Gollum, innocent attaché au prêtre de la paroisse, surprend leurs adieux alors qu'il est en train de pêcher. Et l'on comprends dès lors que leur secret va faire vite long feu. La tragédie est inévitable...

Je me suis arrêté là pris par l'urgence de vaquer à mes affaires d'homme.

D'ailleurs le reste, long lynchage moyenâgeux et grimaçant pour ce que je m'en souviens m'avait paru beaucoup moins intéressant que ces quelques scènes décrites ici.

lundi 28 juin 2010

21 jours
sous le joug
suant
et crispé
la viande
infestée de toxines
puis l'échappée sur la mer verte
les cris des mouettes
la brise légère dans le cou
de l'espace partout
la santé retrouvée

lundi 7 juin 2010

Grouille!
Les trains hurlants qui déferlent en tout sens
fouettent les corps
L'oeil est gêné par de petits vers noirs
qui sont en suspension
comme dans l'eau verte d'un bocal,
Alors il tente de se porter au loin
d'attraper un peu d'abstraction
Elle là bas par exemple,
toute en jeunesse et cheveux blonds
Mais le corps tendu, jambes à l'équerre
elle fonce téléphone enfoncé dans l'oreille
sans offrir aucune prise
Grouille!
Frénesie des foules
qui par courants
vont droit devant
martèlement hystérique des talons
Grouille!

vendredi 4 juin 2010

Perce
au travers des brumes rasantes
des tapis d'arbres compacts
et des nuages de plomb
jusqu'à l'encre du cosmos
que tu disperses
Transperce
le coeur, les poumons
Le corps épars
de haut en bas
Détruit
Défiole
Eradique
cet esprit qui n'en peut
et vibre
au milieu des ruines moussues