dimanche 2 décembre 2007

Flight plan

Mais qu'est qui arrive à Jodie Foster? Elle se pique à la testotérone? Elle ne choisit un film qu'à condition de pouvoir y sauver le monde?

Son dernier film sorti en France où elle prenait la relève de Bronson pour faire la justice dans la ville était parait-il une vraie catastrophe, digne de l'acteur cité plus haut. Flight plan tourné quelques temps auparavant est dans la droite ligne de cette option série z (bon, n'exagérons pas, disons y).

Ce qui frappe déjà, c'est le luxe dans lequel vivent les protagonistes et leur indifférence à cet environnement. Grand appartement, avion géant, tout cela est habituel, et du...

On reconnait souvent un mauvais film à des détails de ce genre. Les concepteurs se contentant de projeter leur niveau de vie sur les personnages sans plus de réflexion sur ce que devrait être leur contexte social.

Bon au début, atmosphère dépressive, hiver, ciel bouché, neige glacée, visage livide, le personnage de Jodie vient de perdre son mari dans des circonstances difficiles. Arrive ensuite un voyage et une histoire ahurissante d'enfant disparu dans le ventre immense de l'avion. Jodie fronce alors son museau pointu, émacié, j'imagine, par les régimes et les séances de bodybuilding avec son coach personnel, et fait son intense pendant tout le reste du film. C'est très pénible à supporter. L'histoire est d'une connerie tellement totale qu'il y a même la petite touche de tolérance humaniste qui montre que si les américains ont été traumatisés par le 11 septembre, dans ce film on a du recul. Des arabes sont accusés à tort par Jodie trés énervée, super intense. Or l'on se rend compte ensuite qu'ils étaient innocents, le coupable,en fait, était un blanc américain, avec, il faut le signaler tout de même, un drôle d'accent d'anglais. Quelle leçon! On voit bien que Jodie vote démocrate.

Dans la suite du film, Jodie met un tee shirt qui fait saillir ses muscles, casse la tête à un terroriste aussi gaffeur que Peter sellers dans The party et récupère sa fille-fille sous les honneurs et l'admiration de tous.

Normal, c'est rare une maman qui soit à la fois si tendre, si attentionnée et aussi couillue.

samedi 1 décembre 2007

Deuxième partie



Une chanteuse noire en short mauve se déhanchant de profil, un présentateur météo exalté pointant des masses nuageuses, la course brusque d’une lionne après un zèbre isolé, les voitures de Bullit bondissant par-dessus San Francisco; un soap brésilien grossièrement doublé, une bribe de débat sur les violences urbaines…. Midi, plongé dans le noir, affalé torse nu sur un fauteuil, une de ses jambes pendant par dessus l’accoudoir, une grande bouteille de coca au trois quart vide à ses pieds l’enfant faisait défiler les images d’un air morose, un groupe de chalets sur fond de ciel bleu, le noir et blanc saccadé d’un film muet puis les chalets à nouveau…Les chalets….

Ce coin de montagne ne lui était pas inconnu. Il se redressa et augmenta le son. C’était le hameau où habitaient sa mère et son beau père. On parlait d’eux au journal télévisé ! Le sentiment revint en lui.

Bien qu’il eût un ton posé, et une coupe impeccable, le journaliste était très acerbe. Il prêtait des affaires troubles à son beau-père, de multiples procès en cours, et une réputation douteuse. Ses questions étaient des jugements, le promoteur aux méthodes si peu régulières ne se serait-il pas sauvé pour échapper à des créanciers menaçants ou à la justice qui était sur le point de le démasquer ? Il n’envisageait qu’à peine l’éventualité d’un drame. Il parlait bien des traces de sang retrouvées dans le chalet mais les évacuait rapidement en avançant l’hypothèse d’une mise en scène. Après tout, on avait retrouvé le quatre-quatre du promoteur sur le parking de l’aéroport.

Ces supputations articulées avec un calme cruel dévastaient l’enfant.

Il but une grande rasade à la bouteille de coca.

Puis vint, un vieil homme frêle, il le reconnut à sa belle chevelure blanche et sa mine fermée. Il le croisait parfois dans les petites rues marchant très lentement, un cabas fait de maigres courses à la main. Sa mère disait que c’était un ancien magistrat. Quand il croisait le promoteur, il le saluait toujours d’un signe de tête très déférent. A chaque fois, l’enfant en était flatté. Et pourtant, là, devant les caméras, l’homme affirmait que son beau père avait certainement manigancé sa disparition, qu’il était connu dans le coin pour être quelqu’un de peu fiable.

Enculé !

Le visage rougeaud d’un homme blond apparût tout à coup en gros plan. C’était un de leurs voisins. Un plouc, un type du nord, robuste et frustre. Il avait un drôle d’accent. Il donnait l’impression de mettre des circonflexes sur tous les a, tant il les aplatissait. Il racontait la dernière fois qu’il avait vu son beau-père. Il souriait.

J’étais dans le garage, je faisais mes cartons disait-il et puis je l’ai vu, il était comme d’habitude pas aimable, toujours pressé. Il a prit sa voiture et voilà !

Il monta jusqu’à quelques dizaines de mètres de l’habitation familiale du promoteur.

On peut pas aller plus loin dit-il la police est à l’intérieur. Ils bloquent tout. Il plissait les yeux à cause du soleil, ses joues rouges luisaient, le vent faisait bouger doucement ses mèches blondes. Il se tourna et considéra un moment le chalet.

La police scientifique fit-il en revenant face caméra..

Derrière lui, on apercevait des hommes, vêtus de combinaisons blanches, aller et venir autour du bâtiment.

Ils cherchent des indices.

Dans le plan suivant, il dévalait de escaliers en bois et s’arrêtait près d’une cloison. C’est construit n’importe comment affirmait-il d’un air dégoûté.

Il avait emmené l’équipe de télévision dans une des autres maisons du promoteur, sans doute plus facile d’accès que le logement principal. Il tapait sur les murs pour montrer la fragilité du matériau.

Il parlait du promoteur comme d’un escroc, disant qu’il essayait d’entourlouper tout le monde. Il raconta qu’une fois les ouvriers qui travaillaient sur ses chantiers avaient du lui mettre la tête dans un four à pain pour avoir leur argent. Le nombre de personnes qui lui en voudrait serait effarant, il y en aurait jusqu’en Russie.

Et là-bas, c’est pas des tendres ajoutait l’homme. De toute façon, moi s’il avait tenté de aux m’arnaquer, c’est bien simple, je l’aurais collé au mur !

Tu parles ! Ricana l’enfant

Il avait pu assister une fois à l’un de leurs face à face. L’homme était venu voir le promoteur pour une histoire de loyer. Ca avait été gênant. Son beau-père brusque, autoritaire, la parole facile et forte, n'avait fait qu'une bouchée du rustre qui bredouillait.

Mais il est vrai que là, à la télé, il semblait complètement transfiguré. Affable, sûr de lui, il resplendissait sous le soleil.l’enfant se dit avec un peu de frayeur qu’il était peut-être totalement différent de ce qu’il avait cru.

Il a du aller se planquer quelque part conclut l’homme en haussant les épaules.


Le reporter évoqua les tâches de sang qui avaient été découvertes dans une des chambres des petites filles.

Ce sang ! L’enfant y pensait sans cesse, imaginant ses parents blessés, mutilés, torturés voire morts peut-être ! Sa mère ! Encore il but.

L’homme ne parût pas impressionné. Il eut une moue dubitative.

Il a pu faire une mise en scène. Toute la presse en parle, les gendarmes disent que le sang, ça veut rien dire. Dans le fond, on sait pas ce qui s’est passé, tout est possible ! Tout ! Aussi bien quelqu’un lui a fait la peau, qu’il s’est barré peinard dans une île…

Puis il y eût une ellipse, la nuit était tombée, on était dans l’intimité chaleureuse d’une grande cuisine. Les bras croisés, les fesses posées sur le bord d’un meuble bas, l’homme s’était replié dans le fond de la pièce. Une table tenait le centre. Deux enfants y était occupés dans un coin à faire leurs devoirs ou quelques coloriages. Sur le devant, rousse et fortement maquillée, une femme d’une trentaine d’année, assez jolie, parlait avec beaucoup de virulence.

Que des histoires ! On a eu que des histoires avec lui !

Bon, il s’est trouvé qu’une fois, ils avaient besoin de quelqu’un pour les aider à faire les tâches ménagères. Bon, à l’époque, je travaillais pas. J’ai bien voulu le faire pour les arranger. Mais il faut voir comment ils se sont comportés ! Surtout lui ! Il est odieux ! Et des ordres ! Et jamais content et jamais s’ils vous plait ! Il fallait …

Elle baissa un peu la voix.

Il fallait que je passe derrière aux toilettes pour nettoyer. Et c’était dans un état ! Dans un état ! Non, vous pouvez pas imaginer ! Jamais j’ai connu des gens aussi sales ! Surtout lui !
A peine s’il tirait la chasse !! Odieux Il était odieux ! Quand j’ai raconté ça à cui-ci…

Elle désigna du menton son mari.

Il a dit bon ça suffit. T’arrête.Tu reviens à la maison.

L’homme ne montra pas de fierté particulière à la divulgation de cette réplique définitive. Il resta effacé, à l’arrière, les bras croisés sur le ventre, un air paisible sur les traits.

L’enfant recevait de plein fouet cette animosité. .Le choc était d’autant plus grand qu’il aimait bien les gens du village. Ils faisaient partie du décor plaisant de ses vacances au même titre que la cime bleue des sommets et le doux tintement des cloches accrochés au cou des vaches. A aucun moment il n’avait soupçonné que derrière leur apparence lisse de second rôle, ils puissent cacher autant de ressentiment.

Et la femme continuait.

Que des histoires ! Je vous dis ! C’est comme pour avoir un logement fixe ! On a du attendre des mois, toujours il nous en promettait un et jamais on voyait rien venir ! Alors au moment où enfin on signe un bail de trois ans pour ce chalet là, (elle brandit un papier) au moment où on commence enfin à respirer et ben il disparaît ! Il disparaît ce con-là !

Et encore une fois on se fait avoir ! On est vraiment maudits !

Puis venait une question sur l’honnêteté du promoteur et elle éclatait :

C’est un voleur ! Il arnaque tout le monde ! Vous avez demandé aux gens du village ? Allez-y vous verrez !

La sonnerie d’un portable l’interrompit. Elle boucha l’une de ses oreilles et gagna l’arrière de la pièce.

Y a la télé ! hurla-t-elle d’un ton ravi. La télé ! TF1 ! Ils sont venus nous filmer ! Oui ! Oui !je t’dis ! je te rappelle tout à l’heure bisous !

Elle revint vers la caméra encore toute souriante, heureuse sans doute de la réaction de son interlocuteur. Puis sans transition :

Au moment où on avait le chalet, où on était bien, il disparaît, s’il faut il est sur un bateau bien tranquille avec tout son pognon ce connard !

Derrière elle, l’homme s’était approché des enfants. Malgré son désarroi, le jeune garçon ne manqua pas de remarquer qu’il leur parlait avec beaucoup de gentillesse et douceur. Sans doute essayait-il de les aider dans leurs travaux tout en leur faisant comprendre qu’il fallait être discret à cause de la télé. Il en déduit avec un pincement au cœur qu’il devait être un bon père pour agir avec tant de prévenance. Mais peut-être aussi n’était-ce qu’une petite comédie à l’intention des caméras.

Le reportage se termina là-dessus.

Le présentateur lança d’une voix froide, le titre suivant, les inondations dans le sud. L’enfant zappa.

Mais il ne regardait plus la télé.

dimanche 25 novembre 2007

Zodiac

Celui-là est de David Fincher et fait le tour de la question puisqu'il dure pas moins de deux heures et demi et prend donc largement le temps d'explorer toutes les pistes et de filer toutes les hypothèses.

Par rapport à l'autre film:Zodiac, il y a dans celui-là quelque chose de très reposant, de très agréable, c'est sa ligne claire:

Tout d'abord, le premier degré est traité très sérieusement, mais comment faire autrement d'ailleurs pour rendre compte d'une affaire si complexe, si dense, où les indices partent dans toutes les directions et où les faits résistent si obstinément à l'ordre dans lequel voudrait les ranger le bon sens?

Puis un éclairage franc et direct, est mis sur des personnages qui sont à la fois ordinaires et passionnants.

Le film situé dans les années soixante-dix est aussi dans sa forme un clair hommage au cinéma américain de cette époque là.

Il est un peu dans la manière "Des hommes du président", en ce sens qu'il s'agit d'une quête de la vérité conduite par des professionnels (journalistes et policiers) et qu'entre les personnages, il n'est question que de cela, que de l'enquête. Pas de place ou si peu pour l'amour, l'amitié. Ce qui relie ces gens entre eux, c'est l'affaire, le tueur du zodiaque, le professionnalisme.

Seulement, le métier, trouve aussi ses limites et commande parfois d'arrêter.

MAIS ON NE PEUT PAS VIVRE SANS LA VERITE, ON SURVIT SEULEMENT.

Alors la passion, le sentiment supplante le métier et avec son énergie arrive le poison. Saisir cette vérité qui se dérobe devient une obsession dévorante. Carrière, santé, couple rien ne résiste à ce graal-là. Mais heureusement si le professionnalisme protège les hommes des emportements de la passion, la passion parfois permet l'impossible.

L'entêtement jusqu'à la déréliction finit par produire un semblant de résultat. La passion répondant à la folie meutrière en triomphe presque. L'on termine ainsi sur la localisation d'un suspect très proche d'un coupable plausible....

Certes, c'est de l'histoire roborative (on pense parfois à certains Ludmets austères et complexes, tel le prince de new york). Il faut être un vieux routier des films et des livres touffus, avoir l'habitude de longs parcours dans la savane de la fiction pour tenir jusqu'au bout, mais cela en vaut la peine.

Ce film tient la route par une bonne facture toute seventies: une solide reconstitution qui évite les pièges du tape à l'oeil, une interprétation remarquable.

Enfin, film de genre, c'est un hommage au cinéma. Fincher en arrivant aux tréfonds de cette affaire y voit du cinéma partout. Le sigle même du Zodiac en serait un avatar. Si le cinéma se nourrit de la réalité, l'inverse est également vrai. Le cinéma change la vie. Les meurtres sont inspirés par un chef d'oeuvre R.K.O des années trente: les chasses du comte Zaroff, où l'homme y est chassé en tant qu'animal le plus dangereux de la création. Ces crimes reviendront ensuite à leur glaise originelle par la grâce de Clint eastwood qui s'inspirera de l'affaire pour un de ses dirty harry . A cette différence que flic et tribunal à lui tout seul, il n'est jamais resté jamais avec un meurtre irrésolu sur l'estomac.

dimanche 18 novembre 2007

The Zodiac

Film de 2005, Réalisé par Alexander Bulkley
Avec Justin Chambers, Robin Tunney, Rory Culkin...

A ne pas confondre avec Zodiac du talentueux David Fincher, bien qu'il narre la même histoire. Celle de ce tueur en série des années soixante, jamais confondu, qui assassinait de jeunes couples et laissait des messages ésotériques à la presse.

Tourné, noyé même, dans le vieil or de l'été de la côte ouest américaine, ce film à des velléités esthétisantes. Ce qui n'est pas sans inconvénient car il produit de l'atmosphère au détriment d'abord de toute crédibilité (bien que le tueur ait opéré durant des années, le temps reste au beau durant toute l'histoire) mais surtout de l'intérêt du récit.

Le réalisateur à un point de vue contemplatif. Il fait son Terence Malick, la violence des hommes au milieu de la splendeur indifférente de la nature. Mais n'est pas Terence qui veut, le récit bacle les événements intéressants pour alimenter un impressionnisme poétique barbant.

Cette histoire déja très frustrante (l'assassin ne sera jamais arrêté) l'est ici encore plus car le metteur en scène tout à son bricolage formalisant pense à peine à restituer le déroulement des faits.

Par exemple, on apprend le décodage des messages secret du tueur de manière elliptique par l'intermédiaire d'un reportage télé sans que l'on ne soit informé en rien sur la clef de ces signes cabalistiques.

Le scénario préfère s'attarder sur la éniemme version de la décomposition d'un couple de flic, sur les vertes amourettes du fils du policier, sur son obsession malsaine pour l'affaire... De l'anecdote qui va partout, ne mène nulle part et ne dit rien.

La femme du policier, actrice de téléfilm aux yeux bleus et aux sourcils épais, est doublement exaspérante d'abord du fait de son interprétation stéreotypé mais aussi parce que chacune de ses apparitions ralentit une action déja bien lente.

Au final, film qui n'élucide rien, ne raconte rien, dure 94 longues minutes et s'achève sur une impression de vide.

Il est semblable en cela au temps de la prison, qui long quand on l'accomplit, parait du fait de sa vacuité, être passé comme l'éclair quand on le considère depuis la liberté.

vendredi 16 novembre 2007

De la difficulté de lire après le combat

Drôle de pistolet que ce sire là!

Mal aimé des fées, triste figure, gus renfrogné, ce quidam qui cache son menton dans son cou, s'acharne beaucoup pour obtenir peu.

Son naturel n'est pas la facilité.

Affronter le quotidien lui fait l'effet de porter le monde sur ses épaules.

Aujourd'hui, comme tous les jours, il a beaucoup perdu pour gagner sa journée.

Il joue sa vie, croit-il.

Après le labeur, il se voit comme un survivant, un guerrier zébré de blessures et brisé par la fatigue des combats.

Pourtant au travail, il joue prudemment. Pas question de relever des challenges, de dépasser les objectifs, d'être force de proposition... Il fait le dos rond, son seul but est d'éviter la catastrophe qui à tout moment menace de l'écraser.

Ce soir,une fois de plus, le miracle s'est produit. Il est arrivé au bout de sa journée!

IL EST VIVANT!

Le corps chiffon, la tête vide, la bouche pleine de sandwich au fromage, il s'affale sur le divan, devant la télé qui braille. Il n'aspire plus qu'à appliquer à son esprit meurtri des emplâtres d'émissions dîtes de divertissement, de celles où l'on applaudit toutes les trentes secondes.

Bien sûr une voix huhule entre ses tempes: "qu'as tu fais de ta jeunesse Guillaume?"

Il ne s'appelle pas Guillaume mais il a lu autrefois.

Enfin il est au lit, moulu, membres brisés. Etendu au chaud, au doux, il sent la fatigue monter comme une mer, l'aplatir sur le matelas, c'est bon...

Il reste un long moment les yeux fermés, est sur le point de s'endormir, fait même quelques mini-rêves puis péniblement,il s'arrache à la succion de la fatigue. Il se saisit d'un lourd pavé et l'ouvre. C'est Les disparus de Mendelsohn. Il n'en est encore qu'au début.

L'holocauste en filigrane... Une famille juive originaire d'europe de l'est vit aux Etats Unis, un petit garçon sent que sa présence est en lien avec un non-dit abyssal et douloureux, des gens pleurent quand il rentre dans une pièce, son grand père a perdu frère et soeurs pendant la guerre, c'est un homme élégant, très pieux et ... Et...

Alors, le lecteur, petit bureau besogneux, morceau méritant de la France qui se lève tôt, les membres flanelles épandus, bascule avec délice dans le sommeil, l'oubli des écorchures de l'âme....

Ses rêves valent toutes les lectures.

Les disparus, semblant pour le moment d'une bonne facture, l'horrible travailleur en fera certainement un compte-rendu sérieux dans une prochaine rubrique.

samedi 10 novembre 2007

WELLES



























A l'occasion de la diffusion de son oeuvre complète sur Cinema Classic, parlons un peu de ce bon géant...

Pourquoi bon d'abord ? Sans doute parceque bien qu'il soit dcté d'une personnalité colossale, il semblait trés peu égotique, très peu préoccupé de lui-même. Il avait la naîveté et la grandeur d'un Balzac. Il était obsédé seulement de cinéma, de son art, du film en train de se faire. Et s'il jouait dans ses films, c'était bien parceque c'était plus pratique et moins cher.

Décrié par les studios, afflublé d'une réputation de velléitaire dispendieux , tournant ses films malgré tout, dans des conditions insensées, bout de ficelle après bout de ficelle, il laisse une oeuvre magistrale...

Tout d'abord quel acteur! Voix de basse, puissante, profonde, sans aspérités, toute en velours... La Harley du comédien.

La voix qui depuis le texte de son homonyme anglais a jeté l'Amérique en panique sur les routes

Au cinéma, il se payait le luxe de pousser très loin ses compositions et de rester absolument crédible.

Quand on regarde le Welles jeune, dans Citizen Kane, on est frappé par la qualité de son interprétation. Il joue un homme mûr, ayant bien trente ans de plus que lui, et il est très vraisemblable, très juste. Il concilie parfaitement maquillage et jeu. De même que dans A touch of evil, il sait se rendre méconnaissable,dessiner puissamment une silhouette, sans que l'artifice ne soit grossier. Au cinéma, contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est un tour de force.

Il faut être un très grand acteur pour concevoir et porter le maquillage ainsi. Se vieillir est la chose la plus difficile à faire. Cela demande une conscience très fine. Les seuls ayant réussis sont Welles lui-même, et... Brando, qui dans le parrain, rajoute près de 25 ans à son âge, sans que l'on ne voit aucun bout de carton dépasser. La classe même...

Pensons en comparaison au jeu ridicule d'Al Pacino, dans le parrain 3, en cacochyme coiffé en brosse.

Ce qui frappe également dans le jeu de Welles, c'est le plaisir qu'il éprouve, il joue, il s'amuse. Il ronronne comme un chat, de pouvoir donner sa mesure, de lâcher sa faconde, d'inventer...

Rien de plus ludique et joyeux que le rapport de Wells au cinéma, il a quelque chose d'un enfant génial qui s'amuse avec un jouet magique et tente en épuiser les possibilités, multipliant de ce fait les trouvailles, jusqu'à en donner le tournis.

Quand on regarde un film de Welles, regarde-t-on le film ou sa mise en scène?

Welles détestait que l'on qualifie ses mise en scène de brillantes, elles devaient se couler au service de l'histoire et donc ne pas se voir. Mais de fait, elles se voient, elles étincellent , elles tonitruent même. Et d'ailleurs cela n'a aucune importance. son génie est si éclatant et généreux qu'il ne se laisse pas étouffer par la sophistiquation de ses propres circonvolutions. Film ou discours sur le cinéma? Peu importe, le résultat est grandiose et moderne pour l'éternité.

Comme il s'amuse, comme il jouit, il y a beaucoup de pureté et de gratuité dans son art, ce qui n'est pas pour rien dans l'impression de bonté dont je parlais plus haut.

Macbeth donc se jouait hier soir sur Cinéma Classic, sorte de cauchemard primitif, semblant se dérouler aussi bien au moment où peu à peu du monde ancien, archaïque et magique émerge la rationalité de la croix que dans une région souterraine de la conscience.

Welles, ébloui par la soleil de la tentation, s'enfonce dans le crime avec l'innocence d'un jeune homme.

Et c'est bien ainsi que je le vois, ébloui par quelque soleil noir, innocent et jeune, ...pour toujours...

samedi 3 novembre 2007

Dreamgirls

Où est-on ? Se demande-t-on au début de ce film, on a déjà entendu ces claquements de doigts, cette ambiance jazz, sensuelle, ah oui Bob Fosse!

Super alors! Et puis au fur et à mesure que le film avance...

Non, ce n'est pas ça, c'est un biopic plutôt. C'est Tina Turner! Non, c'est Ray Charles!

Non, horreur! c'est un clip de Beyonce!

Et effectivement, après avoir tardé un peu à se repérer dans ce film hybride, qui se cherche, qui hésite et patine, on finit par réaliser que l'on est dans la pire soupe musicale, le r'n'b! Avec tout le sirop un peu écoeurant que cela suppose...

Le film retrace plus ou moins la carrière de Diana Ross ( artiste pas vraiment passionnante). Le problème, c'est justement le plus ou moins:

Diana Ross est plus ou moins Diana Ross, puisqu'ici elle s'appelle Deena Jones, Florence ballard devient Effie white, les Supremes sont les Dreams et ainsi de suite...

Résultat, à force d'évoquer sans vraiment raconter, on est dans l'ertzatz, au musée Grévin des années soixante, soixante-dix. La B.O écrite pour l'occasion, mixte d'hier et d'aujourd'hui, forme sans contenu, est atroce.

Ce film tout à la fois ghetto et marketé car conçu en grande partie à destination des noirs a par bribes un arrière-fond intéressant: le pillage par les blancs de la musique afroaméricaine ( un peu caricatural ici tout de même), les émeutes raciales, et puis l'ascension de producteurs de couleur qui une fois aux commandes finissent par se comporter aussi mal que leurs prédecesseurs blancs.

A part ces quelques notations, c'est au final un film long, mielleux, sucré, qui barbouille l'estomac... Pour les fans de popstars...

vendredi 2 novembre 2007

Le petit Coppola

Article assez tordant dans le Monde 2. L'on ne sait trop si c'est l'angle de vue du journaliste ou si c'est un reflet d'une certaine réalité mais Francis Ford Coppola, réalisateur gigantesque, y apparaît bien triste et amer. Il fait le bilan de sa sombre existence et explique qu'on lui a volé sa vie! Le pauvre n'a pas fait les films qu'il voulait!

En réalité, dit-il, il n'était pas fait pour réaliser des superproductions mais pour faire de petits films artisanaux. Voilà pourquoi, à soixante-huit ans passés, revenant vers les petits budgets, il a le sentiment d'avoir enfin trouvé sa voie.

Mais que de ratés, que d'échecs avant cette illumination:

Le parrain, le parrain 2, conversation secrète, Apocalypse Now...
Une vie brisée en somme. On en pleure.

Plus sérieusement, certes, Coppola n'est pas à l'origine du premier parrain, qui est une commande et qu'il voyait comme une entreprise uniquement commerciale, certes le roman est mauvais mais à l'arrivée, quel film! Quels films même devrais-je dire, le second étant encore meilleur que le premier.

Des chefs d'oeuvre, des tragédies sur lesquels le temps n'a aucune prise, classiques, intemporels.... Radiographie critique de l'Amérique, décors somptueux, magnifiques personnages de monomaniaques qui aspirent tout l'air autour d'eux à force d'être possédés par leur idée fixe.

Je souhaite à tous les réalisateurs de faire des carrières involontaires de ce genre.

Heureusement, quand on arrive à la fin de cet article au ton misérabiliste, on est soulagé d'apprendre de la bouche même de Coppola qu'il n'est pas seulement riche mais immensement riche. Voilà qui doit mettre du baume sur ses plaies d'artiste brimé.

Si l'on passe sur le pathos ridicule du journaliste du monde 2 et s'il y a un fond de vérité dans cet articulet, il est presque émouvant de voir que ce démuirge de Coppola, revenu de toutes les apocalypses artistiques et financières, a toujours et encore envie de filmer et que pour rester dans la passion, dans l'invention, il se raconte que c'est la manière de sa jeunesse avec des moyens légers qui lui convient.

Lui aussi est dévoré par son idée fixe, filmer...Jusqu'au bout...

Son dernier film est une adaptation de Eliade avec Tim Roth.

Pas de quoi être triste.

dimanche 28 octobre 2007

L'incroyable destin d'Harold Crick

un film de Marc Foster, sur un scénario de, il est intéressant de le relever, Zack Helm...

Un auteur qui, pour ce que j'en connais, semble voir son étoile monter à Hollywood. Rappelons qu'il a écrit la pièce " Good Canary " qui se joue en ce moment à Paris dans une mise en scène de John Malkovitch...

Postulat de base, amusant et intriguant, un homme se rend brusquement compte qu'il est le personnage principal d'un roman en entendant la voix off d'une narratrice commenter tout ce qu'il fait...

L'on s'attend comme dans beaucoup de comédies américaines à un début en fanfare suivi d'un écroulement dans les clichés et la mièvrerie. Or non, le film se tient, il suit même jusqu'à la fin un parti pris assez radical.

Et de ce fait, il n'est pas vraiment drôle, l'acteur principal est tout dans la retenue et même dans la tristesse. Visiblement les protagonistes de cette histoire, la romancière comme sa créature, sont dépressifs.

La mise en scène est assez élégante. Décors froids et stylés d'une métropole américaine, solitude et poésie dans une géométrie glacée.

CE N'EST PAS UN FILM COMMERCIAL?!

Zack Helm met en abîme une une intrigue assez convenue, un fonctionnaire du fisc coincé, va par la grâce de l'amour changer et oser vivre sa vie, en la coiffant d'un Dieu auteur et poursuit sa réflexion sur les affres de la création et son coût en livres de chair et de sang.

Qu'est ce qui est plus important la littérature ou la vie? La vie est-elle nécessairement tragique? Vaut-elle tant que cela la peine d'être vécue?

Comme dans "Good Canary"le personnage du créateur est une femme névrosée, qui se détruit (elle fume! Dans un film américain, c'est le blasphème suprême, forcément synonyme de mort à plus ou moins longue échéance...).

L'on devine que l'auteur ne partage pas le point de vue du film qui se termine sur un happy end assez attendu mais néanmoins supportable. En effet, l'option tragique envisagée un moment paraît être celle qui est la plus en phase avec cet univers mortifère.

Saluons au passage, la présence de Dustin Hoffmann, malicieux et drôle qui se fond avec bonheur dans l'étrangeté réjouissante du film. Il joue un professeur de littérature qui est en même temps, on ne sait trop pour quelle raison, maître-nageur.

Notons pour finir que curieusement Zack Helm a une écriture qui semble trop cinématographique pour le théâtre et un peu trop littéraire pour le cinéma commercial...

D'un autre côté, c'est ce qui rend le film intéressant, rendons grâce au réalisateur d'avoir suivi si fidèlement le script, même s'il a du par là hypothéquer pas mal de ses chances au box-office.

samedi 27 octobre 2007

Bunker tapait le premier





Il s'appelait Edward Bunker et il ne jouait pas dans Prison Break. Il est mort en 2005 à l'âge de 71 ans.





















Dieu quelle vie pour un aussi petit bonhomme! De ses onze ans jusqu'à l'âge de quarante, il passera la plus grande partie du temps en maison de redressement et en prison...

Il connaîtra les lieux les plus durs: Saint-Quentin, Marion....Il n'en sortira que pour replonger, tant les opportunités de réhabilitation sont limités, tant les conditions faites aux anciens détenus sont drastiques.

Il tombe pour extorsion de fonds, (contre des trafiquants de drogue, maquereaux), cambriolage...

Sa dernière arrestation est plutôt rocambolesque. Suivi par la brigade des stups qui le croit sur le point de procéder à un deal, il braque une banque sous leurs yeux ébahis. Il repart en prison non sans être d'abord passé sérieusement à tabac.

Ses stations répétées derrière les barreaux auront au moins l'avantage de lui faire découvrir la lecture. Il engloutit des bibiliothéques.

Puis, il se met à écrire... La perséverance étant une de ses qualités (c'est d'ailleurs La qualité cardinale, celle qui fait la différence ), il écrit cinq romans avant enfin d'en voir un publié: Aucune Bête si féroce (son master-piece).

Quand il sortira de prison (à quarante-deux ans!), sa réhabilitation sera facilité par l'adaptation au cinéma de son roman qui donnera Le récidiviste avec Dustin Hoffmann.

Bon film paraît-il, ( je l'ai vu, il y a trop longtemps pour m'en souvenir précisement), il ne connaîtra pourtant qu'un succés mitigé.

Il écrira ensuite le scénario de runaway train de Konchalovski, très mauvais film...

Rappelons pour l'anecdote qu'il fut le Mister blue de Tarentino dans reservoir dogs. Mais surtout, il écrira d'autres livres: La bête au ventre, La bête entre les murs, Les hommes de proie, Mister blue (son autobiographie).

C'est du bon polar, énergique et violent, sans poésie chichiteuse, Bunker comme Giovanni a payé pour voir et il a bien vu... Il a comme matériel le gâchis de la première moitié de sa vie (Mais dans le fond, n'est ce pas le propre de tous les écrivains ?).

Quand on ouvre un bouquin d'Edward bunker on le lâche plus. Ses intrigues tendues, filent un train d'enfer. Des hommes déterminés aux relations codifiées par la loi exotique et radicale du milieu jouent leur survie. L'amitié pour certains, l'appât du gain pour tous, les lient entre eux.

Bunker prends le parti de ses héros. Le crime est une option qui en vaut une autre et ceux qui la choisissent ont droit à son respect.

Ainsi l'on voit le personnage qui tue un flic s'en tirer malgré tout et gagner sa liberté à la fin. Dans tout autre ouvrage cela serait impossible...

Un monde à la Darwin où l'arme absolue est le tic tac permanent de la pensée, ses héros sont souvent des doubles de lui-même, très intelligents, sans cesse sur le fil du rasoir, ils doivent faire preuve d'une ingéniosité extraordinaire pour arriver à survivre.

Curieusement, son plus mauvais livre est son autobiographie, touffue, bavarde, interminable, elle tombe des mains.

Comme si pour rendre l'essence de son existence, il lui fallait passer par la fiction. Le dessin de la métaphore est toujours supérieur à l'explication du long discours...

J'ai pu le croiser quelques minutes alors qu'il donnait une conférence à la FNAC. C'était un petit vieux frêle et sympathique. Quand on lui demandait comment, il avait pu survivre à des univers aussi terribles, il répondait qu'il tapait le premier.

mardi 23 octobre 2007

Le deuxième souffle d'Alain Corneau

d'après un roman José Giovanni.

C'est un film en chapeau avec flingues, costards et bagnoles...
Un film d'hommes et de beaux accessoires... Tourné semble-t-il le plus souvent en studio... Couleurs criardes, sentant bien l'artifice, la stylisation dirait-d'autres...

D'abord l'histoire, elle est superbe, de la belle ouvrage dont les artisans d'aujourd'hui ont perdus le secret. José Giovanni, nourri au lait amer des condammnés à mort savait de quoi il parlait et combien la taule peut démolir. C'est une histoire dorée à l'ancienne, construite comme autrefois, avec plein de beaux personnages et un fil conducteur implacable qui court à travers des rebondissements incessants: des évasions, des réglements de compte, un braquage, des arrestations...

Les dialogues, pleins du patois réel ou reconstitué du Paris truand, sonnent agréablement à l'oreille.

Le film.... deux heures trente-cinq... trop long...On baille par moment, on s'étire...Revenir à la table de montage ne serait pas du luxe.

La scène d'ouverture est très suprenante, très onirique, elle déboule sans prévenir sur le spectateur et l'aspire dans le film. Pas de musique, pas de générique,du silence jusqu'au moment où un corps s'écrase sur le sol avec un bruit sec.

Le personnage principal Gu (Daniel Auteuil)doit, pour s'évader, sauter d'un mur à l'autre en passant au dessus d'un gouffre. Il y arrive mais après un début si prégnant on devine qu'il est désormais en sursis et que toute la suite de son existence sera comme ce saut, suspendue au dessus du vide, sans qu'au bout du compte il ait le même succès.

On pourrait dire que ce film est un rêve, le rêve impossible de liberté de Gus. En fait, il est déjà mort au moment où il s'évade, détruit par la prison, sans argent, dégoûté par ce monde où les principes d'honneur n'ont plus cours.

Tragique, son destin est tragique, le polar est une tragédie en fait, merde alors!

Comme dans tous les films de genre, il y a de la violence, celle-ci se veut stylisée et ça n'est pas toujours réussi. La première scène de meurtre est ridicule, tant les tueurs étroits d'épaules, peu sûrs d'eux, semblants flotter dans leurs impers de figurants payés à la journée, sont peu convaincants. On a le temps de s'en rendre compte, elle dure très longtemps... Corneau aurait peut-être du piocher dans la violence sèche et imprévisible de Scorcese plutot que dans celle alambiquée du cinéma asiatique.

Le film de genre est poétique: de circuler depuis Melville jusqu'aux américains en passant par les asiatiques pour revenir ensuite chez nous, la poésie a perdu beaucoup d'innocence et a fini même par s'évanouir. Melville ne se savait pas poétique, c'est pour cela qu'il l'était.

Que reste-il donc? De grands numéros d'acteur. Encore une fois l'histoire est très belle et tout particulièrement ce moment où l'on colle à Gus une réputation de mouchard, une Némésis dont il ne peut se débarrasser et qui le dépouille de sa seule richesse, de sa raison de vivre: son honneur. Auteuil, plein de fureur et de souffrance, est superbe dans cette montée en puissance de la dernière partie du film.

Cela faisait très longtemps ( depuis Antoine et Sébastien) qu'on n'avait pas vu Dutronc aussi bon. Sa réserve naturelle, son humour retenu, sa gouaille feutrée, sa belle gueule ridée aux yeux verts collent très bien à son personnage de juge de paix impassible. Il a certes un jeu minimaliste mais pour fois, il ne nous sert pas le service minimum. Duval et tout particulièrement Melki sont impeccables...

Mais malheureusement,Il y a Michel Blanc! Mon Dieu qu'est-il devenu? Certes, il n'a jamais été transcendant dans les rôles dramatiques mais alors là, il a franchi un stade décisif vers l'effondrement.

Il cabotine autant que Gabin, toute dernière période, mais malheureusement il n'a rien de son immense talent. Le spectacle est donc insoutenable. Il déclame son texte, sentencieux, explicatif, moralisateur, tout puissant, ce n'est plus du jeu c'est de l'explication de texte. Balance ton texte, évacue le! A-t-on envie de lui crier! Oublie-toi!

Il nous fait de gros yeux derrière ses culs de bouteille pour nous expliquer combien il est humain. C'est l'école TF1, le jeu à la Navarro,qu'on construit depuis l'extérieur. On fait un personnage ominiscient, super humaniste et sans mystère. On donne une image rassurante et fausse de l'autorité et puis on devient l'ami des ménagères de plus ou moins cinquante ans. Le syndrome vieux con ...

Encore un acteur rattrapé par lui même, il ne courait pas bien vite pourtant.

Ah oui! Il y a la Belluci aussi, elle est décolorée, elle pleure beaucoup fait couler son rimmel, fume des cigarettes, donne de bon conseils à son homme qui ne les suit jamais, et passe de protecteur en protecteur... Oui, oui elle est belle, oui même décolorée...bon voilà quoi...

Un spectacle somme toute qui vaut vraiment le coup d'oeil sans arriver, selon moi, au niveau d'un très bon film. Il donne en tout cas très envie de lire le roman

samedi 20 octobre 2007

Le come back avec Hugh Grand et Drew Barrymore

un film de Mark Lawrence.

Une jeune fille aide un chanteur des années quatre-vingt à faire son come back. Engagée à l'origine pour arroser les plantes, elle deviendra la parolière et bien sûr la petite amie de l'artiste has been.

On est dans le sirupeux, le très sirupeux...Le bonbon anglais...
Tout le monde est gentil là-dedans, le chanteur, la petite arroseuse de plantes, le manager, la star, le public, jusqu'aux circonstances même qui se plient sans rechigner à la nécessité d'une fin heureuse.

C'est une comédie que l'on a formaté autour de et pour Hugh Grant, procédé qui a d'ailleurs permis par le passé de produire quelques succès se laissant regarder sans déplaisir.

Mais ce film est peut-être le combat de trop. Certes, brocarder les années quatre-vingt est plaisant (de plus, il y a l'avantage de s'agglomérer toute la part de marché des trentenaires ) mais ça ne prends pas. Les répliques parfois drôles, tombent à plat. C'est poussif sans aucune spontanéité. Tout est trop téléphoné, trop voulu. Hugh a usé jusqu'à la corde son sempiternel numéro de charmeur, pratiquant l'autodérision. Comme tous ces acteurs qui tentent de reproduire ad nauseum ce qui a marché (Gabin, Delon, Belmondo...) il est devenu le fantôme de lui-même. Il joue sans âme, vidé de l'intérieur,comme un automate.

Dans ce film où il est censé jouer sa peau tout au moins sa carrière, Il se ballade, le poil sec, sans une goutte de sueur, sans une poussée d'inquiétude, cool, en fringues de jeunes, la sourire gibbs et le brebouillement si sympathique en bandoulière...

Au fil des films, le décor, les partenaires changent, lui pas...hélas...
Il est comme Tintin, il empile les albums: Hugh premier ministre, Hugh fait semblant d'être père, Hugh est chanteur...

Quant à Drew Barrymore, il faut bien le dire, elle n'est ni très jolie, ni très sexy. L'on s'interroge même avec une certaine inquiétude sur l'étrangeté de son sourire qui remonte bizarrement vers la gauche (une attaque?). Mais contrairement à Hugh, elle joue avec beaucoup de sincérité. Elle a du charme, sait être touchante et on finit par oublier son physique difficile.

A signaler que la comédienne qui joue sa soeur, une mère de famille autoritaire qui se comporte comme une midinette en face de l'ancienne idole des quatre-vingt est tordante, une vraie nature! Prends en de la graine, Hugh!

vendredi 19 octobre 2007

Proust par Beckett






Rédecouverte de cet essai de Beckett sur Proust paru aux Editions de Minuit.

Je l'ai retrouvé sans le chercher dans un des recoins de ma petite bibliothèque et je l'ai repris avec plaisir tant la confrontation de deux tempéraments aussi radicaux est riche en promesses.



Extrêmes chacun à leur manière, ils suivent leur nature et finissent donc par se rejoindre. Voici Beckett, jeune homme, décrivant l'amour chez Proust : " Il n'existe pas dans l'histoire de la littérature une étude de ce désert où règnent la solitude et la récrimination, et que les hommes nomment l'amour, qui soit exposée puis développée avec un manque de scrupule aussi diabolique. A côté, Adolphe n'est qu'une bavasserie allègre, l'épopée burlesque d'une hypersécrétion salivaire..."

ou la tragédie, toujours chez le même :" La tragédie est le récit d'un expiation mais pas l'expiation minable de la violation d'une loi locale... le personnage tragique représente l'expiation du pêché orginel, du pêché éternel et orginel qu'ils ont commis...: le pêché d'être né.."

Ils font tous deux une littérature incroyable, nihiliste, de fin de cycle, de desespoir, d'un monde sans Dieu et ce faisant ils terminent, ils enterrent en grande pompe, quelque chose qui est sans doute la littérature française.

Ils la poussent dans ses derniers retranchements et la tuent en même temps qu'ils la célébrent, qu'ils la portent à des sommets inouïs (ce dernier point est surtout vrai pour Proust). Ils sont la lumière d'une étoile morte. Les grands font table rase.

Tout est dit et bien dit. Qui peut écrire après eux? Comment ne pas être en deça?

La littérature est morte, paix à son âme.

Mais continuons à lire Beckett parlant de Proust, il a 24 ans, il écrit encore en anglais.

Il prévient, en cela fidèle à la ligne du Contre Sainte-Beuve; "On ne trouvera ici aucune allusion à la vie et à la mort légendaire de Marcel Proust, ni aux potins de la vieille douarière... ni à son eau de seltz..."

On est pas dans la pipolisation ici, qu'on se le dise!

Mais de l'humour ça oui et puis de l'autorité, il survole le débat,
va à l'essentiel, style truculent, précis, gorgé de culture classique, mêlant de manière détonnante le cocasse et le trivial aux finesses de l'analyse:"...l'ennui avec sa horde de ministres bien proprets en chapeau huit-reflets...Car sa mémoire est une corde à linge et les images de son passé sont des hardes sales, dûment lessivée...prête à combler ses besoins de réminescence..."

Certes, l'on est parfois submergé sous ce flot d'images toutes plus insolites les unes que les autres, mais après tout, il n'a que 24 ans et même si déjà Beckett perce sous Beckett, il doit encore maîtriser sa verve.

Il est évidemment fort lucide sur la littérature de son temps, évoquant le passage magnifique du coup de fil que donne le narrateur de la recherche à sa grand-mère, il renvoie tranquillement Cocteau à ses coktails: "Après avoir lu la description de ce coup de téléphone...on la sentiment que la voix humaine de Cocteau est non seulement une banalité, mais une banalité superflue".

Bref du style, du nerf, une pensée qui pétarade en phrase cinglantes et belles mais sans forfanterie, ni romantisme juvénile... Un livre finalement préoccupé de la seule chose qui puisse tenter de remplacer Dieu,

LA LITTERATURE.

P.S: C'est d'ailleurs pour cette raison que j'aime bien Sollers, même si l'on peut lui reprocher beaucoup de choses ( ses livres notamment), il est comme ces gens dans les évangiles, qui sont agités, obsédés, assoiffés de l'amour de Dieu, sauf que son objet à lui est la littérature, Sans cesse il la cherche et la questionne. Et ce faisant, il est dedans...

dimanche 14 octobre 2007

Nouvelle


"A REBOURS


A rebours de ce qui se passait sous d'autres latitudes, juin commençait la saison froide, les matinées étaient alors d'une fraîcheur inhabituelle. Il y avait même du brouillard, pour un peu j'aurai pu rejeter de la condensation par ma bouche, un de ces petits plaisirs des pays à hiver que je n'avais plus guère l'occasion de pratiquer.

A rebours donc ce qui se passait sous d'autres latitudes, le froid, ou plutôt la fraîcheur, était associé à la fin de l'année scolaire et aux vacances qui approchaient. A la délivrance quoi... C'était la raison pour laquelle, je sentais toujours avec beaucoup de plaisir la température descendre. Cette variation du climat si rare ici, me rappelait la France, bonne vieille terre à quatre saisons et me signalait que le grand jour était imminent. Dans mon coeur vibrait une excitation délicieuse qui durerait jusqu'au départ.

Je croyais naïvement, je ne sais trop pour quelle raison, qu'en France, toujours je trouverais la force et la liberté qui me manquaient ici. Et parfois d'ailleurs, c'était le cas. Mais dans l'analyse des causes, je me trompais, j'imputais cette légèreté à la magie du lieu alors qu'elle ne m'étais prêtée que parce que j'y étais de passage.

Cette année, je partais pour de bon. Il faisait froid et j'étais heureux. Je ne ressentais pas même une vague inquiétude.

Marine et moi, étions arrivés très tôt au lycée ce matin-là. Marine était la peite amie d'un type avec qui j'étais devenu quasi inséparable dans les trois derniers mois de l'année.

Le lycée français était encore désert, assis sur les bancs en ciment, nous fumions des cigarettes achetées au détail en attendant que les autres arrivent. Il y avait du brouillard, nous aspirions en même temps que la fumée de grandes bouffées d'air humide.

J'ai gardé, je ne sais comment, une photo en noir et blanc de ce moment là. On voit Marine debout, à côté de moi, en jean et gilet en laine sans manche, tirer sur sa cigarette. Je suis assis et suis en train, semble-t-il ,d'examiner mes ongles avec beaucoup d'attention. J'ai oublié qui a pris la photo...

Je n'ai jamais plus revu Marine après cette journée. c'était une jeune métisse très jolie, très douce, un peu fragile aussi. Elle avait eu quelques malheurs dans le temps, un avortement notamment. Elle était amoureuse de mon copain, un drôle de type qui ne voulait pas lui faire l'amour.

Nous avions pris l'habitude avec le temps, elle et moi, d'aller par dessus notre timidité et de nous faire quelques confidences. On riait aussi et d'ailleurs par jeu, durant quelques jours, on avait adopté le délicieux protocole de se saluer en se faisant la bise sur la bouche. Malheureusement mon copain que son inactivité sexuelle n'empêchait pas de considérer qu'il avait des droits s'en était indigné et nous avions arrêté. Cette fille était largement au dessus de la classe, de celles que j'arrivais habituellement à séduire. Jamais, par un chemin plus classique, je n'aurais pu avoir la chance d'approcher mes lèvres des siennes. Je ne suis d'ailleurs pas allé plus loin que cela. Sans doute n'en étais-je pas amoureux puisqu'il faut que j'écrive ces lignes pour repenser autant à elle..."

samedi 13 octobre 2007

Good bye Fofana

Film de Billie August avec le lippu façon Habsbourg et très peu passionnant Joseph Fiennes.

On se souvient de Billie August pour Pelle le conquérant, film académique et bien léché qui reste surtout remarquable grâce à Max Von Sydow, génial, une fois de plus, en paysan frustre et boueux...

Good bye Fofana est tiré d’une « histoire vraie », il relate la relation entre un gardien de prison et Mandela durant les trente ans qu'aura duré sa détention. Elevé au milieu des noirs, ce gardien ne doute pourtant pas de la nécessité de l'apartheid. Il parle leur dialecte, le xhosa, ce qui le rend très précieux aux yeux du pouvoir afin d'espionner Mandela. Cependant, contre attente, il va au fil du temps tisser des liens privilégiés avec le leader africain. Il réalisera que son prisonnier n’est pas le terroriste que l’on lui présente et que la politique brutale de son pays n’est pas la bonne.

Il incarne en quelque sorte la conscience de la minorité blanche qui, à force de trouver devant elle l’inflexible dignité de Mandela et de son combat, finira par se transformer( au bout de trente ans quand même!).

C’est donc la rencontre entre une personnalité hors du commun, l’une des grandes figures de l’histoire et un homme tout à fait ordinaire, pis que plat même...

Et c’est bien là, le problème. Le personnage principal est si ordinaire, si trivial qu'il est bien peu intéressant. Il est difficile d’être touché par l’éveil (relatif) de ce petit maton (il restera du côté du manche jusqu’au bout, son fils deviendra même maton à son tour !) et par les crises d’hystérie de sa femme, effrayée à l'idée que son mari à moustache sabote sa carrière si prometteuse (adjudant à trente-cinq ans!) avec sa poussée d'humanisme.

Réalisation plate et laide, les couleurs sont affreuses.

Bonne interprétation de Joseph Fiennes, qui est vraisemblable jusqu’à la fin, vieillissement compris, dans le rôle ingrat du petit adjudant pète-sec, jugulaire-jugulaire, touché par la grâce (va-t-il passer lieutenant ?? Suspens !!),.

Le problème avec Joseph Fiennes, c’est que même quand il joue bien, on s’en fout.

Une fois de plus, l’équation grand sujet, petit film semble se vérifier.

(Il paraîtrait que Mandela a nié avoir jamais eu de telles relations avec un de ses gardiens. Maton et mytho alors? Ca en deviendrait presque plus intéressant.)

samedi 6 octobre 2007

Trois cent de Zack Snyder

Adapté tout comme Sin city d'une BD de Franck Miller dont je ne connais pas l'oeuvre.

Dans les deux films, il y a un travail sur l'image, une très grande stylisation, destinée à la rapprocher du dessin...Dans les deux, le résultat est très beau...

Dans Sin city, film à sketchs, j'avais surtout retenu l'épisode avec Mickey Rourke. Car de ce qui reste de lui, parfois émerge encore un acteur magnifique. Bien sûr, il s'est tellement détruit, qu'il faut qu'il soit redessiné, remastérisé en créature, mi-bête mi-homme, pour redevenir regardable mais alors quel spectacle!

L'âme lui passe par tous les pores!

Tout comme Rimbaud, Brando, c'est quelqu'un que l'on aime autant pour ce qu'il a fait, que pour ce qu'il a gâché. Superbes losers! Le dégoût qu'ils prennent pour leur art, leur auto-destruction est aussi la signature de leur pureté.

Mais revenons aux Trois cents...

Censé évoquer la bataille des Thermopyles où trois cent spartiates arrêtèrent des milliers de perses.

Une réalisation superbe, une image donc rédéfinie, peinte, très belle, proche du dessin animé et permettant par là une distanciation à la violence.

Et c'est heureux car le film est très facho, il prône le refus de la différence. Il commence par une scène déplaisante, le massacre des bébes... Sparte pratique un eugénisme brutal, en effet tout ceux qui à la naissance ne sont pas conformes au modèle sont éliminés.

Sparte, dévolue à la guerre, se construit sur un tas de cadavres. Les jeunes subissent une éducation ultraviolente dont seuls les plus forts survivent. Voilà qui n'est pas sans évoquer des troisièmes reichs pas si lointains.

Cela n'empêche pas leur chef prognate de prétendre, absurdement, lutter pour la liberté.

C'est donc à cette société fasciste qu'il va falloir s'identifier.

Des millions de perses menacent la Grèce.

La minceur du propos est aussi sa force et c'est là que l'on se rend compte que la bande dessinée est beaucoup moins poliquement correcte que le cinéma, les spartiates manifestent une férocité, un entrain à la guerre et donc une folie finalement très réjouissante. Sans doute dans cette joyeuse barbarie y-a-t-il un peu de l'état d'esprit antique, alors préservé des valeurs chrétiennes? En cela, c'est beaucoup plus intéressant que le gladiateur de Ridley Scott au préchi-précha humaniste ridiculement anachronique.

Scène magnifique où une nuée de fléches tapisse le ciel et retombe telle une pluie mortelle sur les spartiates qui protégés par leur bouclier sont pris de fou rire, tout à la joie de la guerre.

Bien sûr cette motivation imbécile et permanente, cet esprit de corps hystérique, se résume tellement à cela que les Trois cent font parfois plus penser à une équipe de footballeurs américains, dopés et conditionnés, qu'à des guerriers grecs, dépositaires de la philosophie et de la culture du berceau de l'occident.

Les scènes de batailles renvoient souvent au Seigneur des anneaux. Le fait que des mêmes acteurs soient dans les deux films accentue encore le parallèle (Le survivant qui "va dire à Sparte" jouait un des fils du régisseur du Gondor. Il est d'ailleurs excellent car complétement différent, beaucoup plus d'une pièce, plus dans la force sèche que dans The Lord où il faisait un peu son sensible).

Dans Trois cent comme dans la trilogie de Jackson, on voit des éléphants, des trolls et des monstres ( l'ennemi est toujours monstrueux, le traitre est un être difforme, les immortels, soldats d'élite de Xerxés ont des faces horribles sous leur masque. Seul le roi des perses , autoproclamé dieu vivant qui est un athlète gigantesque, paraît échapper à cette malédiction, cependant couvert de percing et de bijoux, très maniéré, il ressemble plus à la grande zaza qu'à un conquérant. Sans doute est-ce encore une manière de stigmatiser la différence que de la présenter comme une corruption? Mais dans le fond qu'y-at-il de plus homo que ces spartiates inséparables, à moitié nus, folles de leur corps?).

A part ça, peu d'émotion, peu de transcendance, cela ne décolle jamais au dela du truc bien ficelé mais sans âme...

Je me demande alors pourquoi j'ai pondu un pavé pareil...

Sans doute parceque somme toute c'est un bon divertissement, qui de plus est vraiment dans l'air du temps avec la coupe du monde de rugby qui se déroule...pratiquement.. sur notre sol.

vendredi 5 octobre 2007

Quand on voit des types fumer dans une D.S

Quand on voit des types en costard cravate fumer dans une D.S, tandis qu'un paysage préalablement filmé, censé figurer l'extérieur, défile derrière eux; quand on voit des types en costume cravate aller en bande par les rues, rentrer dans les cafés, où tintinabulent des flippers et flottent des nuages de fumée de gitanes...

Quand on voit ccs types apostropher bruyamment le patron du bar, puis se ranger autour du comptoir pour boire des demis, tandis que l'un d'entre eux, tout à coup, s'isole du brouhaha et se fait méditatif pour regarder une femme qui arrive en imper, les cheveux au vent
( Parfois, il y a de la musique pendant qu'elle fait la bise à certains des types, rit à pleine dents de plaisanteries que l'on n'entend pas. C'est une femme dont il est train de tomber amoureux ou bien une femme qu'il va quitter ou alors une femme qui le quitte, qui s'éloigne de lui sans qu'il n'y puisse rien.)...

Quand on voit ces types au boulot, les mêmes que l'on a croisé dans la rue, dans les brasseries ou le dimanche dans des parties de campagne ( Pas de cloisonnement dans ces amitiés) poser la veste, se concerter, parler fort, s'engueuler souvent ( mais sans vice, sans fourberie...Ils sont ensemble, ils ont des difficultés d'hommes qu'ils vont tenter de résoudre...)...

Quand on voit ces hommes froisser distraitement des billets de 500 francs entre leurs doigts à la demande du grand père pour l'anniversaire oublié d'un fils.
Ca suffira? Ils sont déjà ailleurs, l'argent n'est vraiment pas le problème.

Et toujours ils fument, avec délectation, avec innocence...

C'est la société de l'abondance, de l'optimisme des sixties, la fin de l'histoire, le quotidien magnifié...

Quand on voit tout cela et bien c'est que l'on est dans un film de Sautet, bonne période, celle d'avant la glaciation, d'avant la dépression et l'autisme...

Ca n'existe pas, c'est du rêve mais c'est chaud et doux.

samedi 29 septembre 2007

Contre-enquête de Franck Mancuso

Pffff! Rasoir...

Intrigue alambiquée de vengeance (trop écrite, trop chiadée pour être crédible) avec l'idée essentielle d'Olivier Marchal, sans malheureusement la beauté formelle de ses plans: les flics sont sensibles, ils sont tristes et ils souffrent.

Donc esthétique moche, des décors froids et fonctionnels, une vacuité désagréable de l'espace, on pense à de grands stylistes des eighties comme Alain Jessua, Denis Amar ( c'est de l'humour bien sûr!).

Ryhtme planplan d'un téléfilm du samedi sur France3.

Restent les acteurs Lucas, très bon, ambigu à souhait, répugnant avec un minimum d'effets... Et Dujardin sobre, juste, rien qui dépasse, pas un poil de barbe qui ne soit pas au service du film... Bon soldat quoi...

Pffff! Rasoir....

vendredi 28 septembre 2007

La môme

Vu finalement La môme de Dahan. Pénible et longuet, très maniéré dans la réalisation.

C'est un peu une sorte d'Amélie Poulain sombre.

Reconstitution toc et numérique d'un Paris disparu.

Il y a de la Leloucherie dans le tournis de la caméra, dans la brisure du récit qu'imposent des allers et retours incessants entre passé et présent.

Reconstruction ratée d'une culture disparue, celle du Paris populaire. Insupportable d'entendre le forcé de ces accents fabriqués, sans truculence, qui du coup sont criards et vulgaires.

Exaspérant de voir le petit cénacle de nos comédiens nationaux ( tous millionnaires, il y a même une princesse) jouer les pauvres comme s'ils étaient des bourgeois du siècle dernier voulant s'encanailler.

Jean-Paul Rouve, pâlot et inexistant à son habitude, a sur la fin des airs de Jaurés ( scoop sur les origines d'Edith Piaf?).

Bon, la Cotillard malgré son masque de cire, ses perruques et ses fausse dents, y va, se donne mais ça ne prends pas, ça ne marche pas... La verve, l'abattage, la puissance d'une personnalité ne peuvent être évoqué par l'imitation. Trop de grimaces tuent l'émotion. Pauvre Edith!

Ces gens ne savent pas de quoi ils parlent.

Un bon point cependant à l'acteur qui joue Marcel Cerdan. Crédible et simple, le visage et l'accent à l'air libre, lui seul ne fait pas déguisé dans son costume des années quarante.

Les biopics finalement, tournent toujours à l'eau de boudin. C'est pompier, grandiloquent et mélo. Non, on ne fait pas de bons films avec les grands sujets.

Déjà mort du même Dahan, film romantique et violent, laissait espérer beaucoup mieux que La môme, ce film de déjà vieux.

Henry Miller et nous



" Toujours vif et joyeux!" était sa devise.

Henry Miller, l'homme qui s'est appliqué durant toute son existence à vivre la vie comme elle devrait être. Lawrence Durrell,son ami, disait de lui que dans les années trente , il était le seul à Paris qui s'occupait de son âme.

La plupart des gens moi y compris, passons notre temps à bien autre chose: à s'emmerder les trois-quarts du temps pour gagner de quoi survivre dans le quart restant. Tant pis pour nous.

Bukowski à une recruteuse qui s'étonnait du vide quasi cosmique de son C.V, lui répondit qu'il fallait être très fort pour ne pas travailler.

Ne travaillez jamais écrivait Debord.

OCCUPEZ-VOUS DE VOTRE AME. Nourrissez-la, de lectures, de sexe, d'ivresse, de rencontres, de voyages, DE LIBERTE.

Nous sommes loin, c'est sûr, des slogans exaltants de la droite actuelle, si décomplexée ( elle ose tout, c'est même à ça qu'on la reconnait), difficile d'ailleurs de résister au plaisir de citer quelques unes de ses perles:

"La sécurité première des libertés! "( Non, non ce n'est pas tiré de 1984 de Georges Orwell)

"Travailler plus, pour gagner plus."

Bon, je fais le malin, je suis tranchant dans le discours, mais dans les actes, je suis comme tout le monde, je marche au pas। bien ensubordonné à mon patron, ponctuel, stressé, pressuré, soumis, tremblant et suant...

L'homme que j'étais, je ne le suis plus écrivait Henry Miller,alors qu'il venait de s'affranchir et vivait sa vie enfin comme il l'entendait...

Pour ma part, il fut un temps où je n'étais pas l'homme que je suis devenu.

Je ne vivais pas loin de la place clichy ( je lisais d'ailleurs Quiet days in Clichy d'Henry Miller). JE NE TRAVAILLAIS PAS.

Je m'occupais un peu de mon âme... Alcools, fumette, sorties, spectacles, amours, amitié, discutailleries littéraires, cinéphiliques... Exaltation et tentatives artistiques... Croire qu'on a inventé le fil à couper le beurre....

J'avais un ami alors. Un vrai fils du soleil, talentueux, habité, plein de spiritualité et de splendeur intérieure ...

Sans doute quand nous nous rencontrions, nous narcissions-nous mutuellement, et cela ne contribuait pas pour peu à cimenter notre relation... Mais il y avait autre chose...

Marcher à ses côtês était comme être dans une geste...

L'alchimie de nos caractères faisait que quand nous nous rencontrions, nous dévorions en quelques secondes tout ce qui restait de jour puis la nuit dans son entier et parfois même de grands bouts de la journée suivante. Et là derrière les vitres embuées d'un café, "plein de bière et d'alcools aux premières lueurs ..."( comme chantait J Brel), nous regardions sans les voir,les passants qui se hâtaient au boulot, et nous parlions encore et toujours d'archipels Micronésiens, de cieux intersidéraux et de nos grands invisibles...

A nous Daumal, Ribemont Dessaigne, Blaise Cendrars, Orson wells, LF Céline, Miller...

Nous roulions dans nos bouches pâteuses des projets mirifiques... drôlatiques...

De là sont sortis quelques spectacles éphémères que nous avons eu et que nous avons toujours la faiblesse de trouver merveilleux.

Puis classiquement, le temps est passé....

Nos oeuvres, après avoir comme l'écume grésillé quelques secondes sur le sable, se sont évanouies.

Mon ami est parti en Afrique.

Je me suis rangé et laissé poussé le ventre.
Le quotidien m'a bien rattrapé, bien embastillé, mais comme disait la mère Duras: après tout je mange.

Je n'ai plus relu Miller. Mais j'ai relu Rimbaud, lu Hunter Thomson et bien d'autres encore.... De toute façon quand on a aimé quelqu'un, on l'aime pour toujours...

D'ailleurs, vingt ans après, mon ami que j'avais rangé parmi les figures tutélaires que je consulte dans mon for intérieur, m'a recontacté. Il m'a parlé d'Henry Miller, du moment où dans quiet days in clichy, flânant dans la nuit de Paris, il pense à un ami russe habitant les boulevards extérieurs...

Et ma pesanteur, mes pieds de plomb, un instant, ont fondu et sous l'homme que j'étais devenu j'ai retrouvé celui que j'étais... un instant...

Rien ne change, finalement...

Pourquoi passe-t-on les trois quarts de sa vie à s'occuper d'autre chose que son âme?

dimanche 23 septembre 2007

Critiquer un film sans l'avoir vu



Je n'ai pas vu La môme d'Olivier Dahan.
Mais je trouve que la prestation de Marion Cotillard a quelque chose de répugnant, elle me rappelle Charles Laugthon ou Anthony Queen dans Notre Dame de Paris. Les acteurs souvent éprouvent une espèce de joie malsaine ( en plus c'est gratifiant: Oscar, César,admiration...) à jouer les monstres. Il est certainement très difficile de résister à la démonstration de force qu'est une composition bien salée en grimaces et en faux nez.

Cependant, cependant...Edith Piaf n'est pas Quasimodo!

Est-il nécessaire de se grandir le front à grand coup de cire, de se courber comme Jean Marais dans le bossu, de la jouer souffreteuse, à peine articulante, style bête des marais ?

Mais bien sûr! Nous dit-on dans le film( enfin, j'imagine que l'on nous le dit). De toute façon l'essentiel est invisible pour les yeux, Edith avait un coeur gros comme ça!!! Et malgré ces airs de sortir de chez Tod Browning, sa ressemblance avec E.T, elle emportait tout de même le morceau avec les hommes et le public grâce à son palpitant géant!

De qui se moque-t-on? Méprise-t-on donc tant les gens, certains artistes en particulier,qui prennent les chemins de traverse de l'addiction, qu'il soit nécessaire les éloigner de nous, en les rendant monstrueux? Une femme géniale des années trente, certes issue du peuble et droguée, est-elle devenue un être si exotique qu'il faille pour la rejoindre se farder comme Boris Karloff?

Piaf,chanteuse merveilleuse,avait de très beaux yeux violets. Si elle a séduit tant d'hommes, eux-mêmes si sollicités, ce n'est pas en agitant ses moignons, voire ses tentacules.

Mais sans doute, pour la jouer à visage découvert,eût-il fallu une Arletty... Paris ne produit plus de ces acteurs et actrices populaires qui par la grâce de leur accent des faubourgs ,attrapé en grandissant à ménilmuche ou ailleurs, en rendait le miel (Où sont-y mon Moulin de la Galette, mon Carette et pis mon Gabin?) Paris ne produit plus que du bobo (D'ailleurs M Cotillard n'est pas de Paris ).

Je risque de voir ce film, d'ici quelques jours, bien sûr je ferai amende honorable si jamais je m'eusse trompé.

vendredi 21 septembre 2007

Band of brothers

Revu band of brothers... deux épisodes, en vo...Très belle série, produite par Tom Hanks et Steven spielberg après la prise de conscience que leur avait inspiré le travail sur le très mauvais

Blabla sauver le soldat Ryan...

L'histoire est construite d'après les souvenirs d'anciens des troupes aéroportées américaines ayant mené la guerre depuis la normandie jusqu'au nid d'aigle d'Hitler.

Point de vue relativement nouveau sur cette période victorieuse, on prend en compte la souffrance, la peur et l'horreur que subit le combattant. ( je dis c'est nouveau mais c'est faux, je pense au magnifique Attack d'Aldrich, 1956! On reste encore sidéré par la modernité et la noirceur de ce film).

Néanmoins depuis la fameuse scène d'ouverture du soldat Ryan, l'intervention américaine en Europe n'est plus vue comme une seule chevauchée héroique mais aussi comme une boucherie qui voit des jeunes gens se faire couper en deux, étriper et j'en passe...

La suite du film est ultradécevante, lourde, pleine de poncifs et très longue... Tom Hanks balourd, trop vieux, trop gras, moralisateur...

La série est bien meilleure, elle reprends à son compte, la technique de l'image tremblée saccadée, décolorée pour donner le sentiment de la folie et de la violence du combat...De ces moments où la pensée se gêle...

Mais elle a l'avantage de s'appuyer sur des histoires réelles et donc par là évite les stéréotypes. Les personnages sont attachants et s'ils ne doutent pas de l'utilité de cette guerre, s'ils sont courageux, ils n'en restent pas moins des hommes avec leur fragilité, leurs débordements et leur imprévisiblité.

La durété des conditions de vie, la cruauté de la guerre sont parfaitement rendus.

Les acteurs sont très bons... Ils sont jeunes, bien typés, ont des gueules intéressantes...

Le capitaine Winter, authentique héros, hyper compétent, tout en modestie et sobriété, donc particulièrement ingrat à interpréter (quoi de plus emmerdant que ces types parfaits?) est très juste et jamais ennuyeux. La retenue (pour ne pas dire le puritanisme ) qui l'empêche de boire, de fumer, de jurer, de s'énerver pourrait le rendre monolithique, cependant le comédien malgré l'économie de moyens qu'impose le caractère de l'officier a su en rendre l'humanité, la sensiblité, la curiosité pour les autres , la tolérance...Du beau travail d'artisan, humble et authentique...

L'épisode centré sur l'infirmier de la Easy company, doc ,se déroule pendant la terrible bataille des Ardennes et pourtant à cause d'une histoire d'amour improbable, il est un peu mélo sur les bords. Cependant la magnifique tristesse qui se dégage du jeune visage de l'infirmier transcende cette tendance (légère) à la mièvrerie et dit plus que toutes les images d'hôpital de campagne, d'explosions dans la terre gelée, de blessés qui hurlent, l'horreur de cette guerre .

Qui n'a jamais fait un travail où l'on aide autrui ne pourra comprendre, ce qui au delà d'une immense lassitude, des traumatismes de la guerre, de la terreur,pousse à chaque fois l'infirmier à se relever et à se precipiter au plus fort des combats pour panser les ventres béants, les plaies giclantes.

L'action finie, une tristesse infinie revient sur les traits de doc.

Dans leurs blogs, les soldats d'Irak, parlent du "regard à mille kilomètres" de celui qui a connu les combats.

A noter le comédien qui joue Ross dans la série Friends, il interpète là la rôle d'un officier pète sec, incompétent mais féru de discipline. Si dans le rôle comique de Ross, il est parfait, il n'est jamais très convaincant dans un registre plus dramatique, il émane de lui, une certaine mollesse, comme un manque de virilité qui fait qu'on ne peut croire à ses personnages. Voilà quelqu'un qui incarne parfaitement l'expression"mou du genou".

Band of brother: A voir et à revoir comme il est dit dans Téléstar.

samedi 15 septembre 2007

mes héros


Arthur bien sûr, saint en la poésie

Looking for mister Goodbar

Snif! Snif! Séquence nostalgie... Un film de la fin des années soixante-dix que j'adorais à l'époque et que j'ai du voir et revoir... Pourquoi? Il y avait Diane Keaton, du sexe, de la drogue et un meurtre filmé au stroboscope. Il est repassé récemment sur le câble et je l'ai regardé tout en zappant sur le crispant France-Ecosse.

On y voit les efforts d'une pauvre petite fille (Diane Keaton) bridé par un père autoritaire, ultracatholique, complexée par les séquelles d'une grave scoliose, tenter de vivre sa vie. Ca se terminera mal... La pauvre fille finira poignardé par un homo tourmenté et elle agonisera, image par image ( le stroboscope s'est déclenché) en gémissant comme si elle jouissait.

Pauvre petite fille, on peut dire avec le recul, qu'elle ne faisait pourtant rien de bien méchant. Donnant toutes ses journées à instruire des enfants sourds et défavorisés socialement, elle se lâchait un peu la nuit, courant les bars, les boites, à la recherche d'hommes et prenant un peu de poudre. Fallait-il pour autant poignarder cette pauvre petite fille? On hésiterait même à fouetter un matou pour si peu.

Pauvre petite fille, elle ne connaîtra que des aventures tristes et sordides et payera le plaisir au prix fort, toujours.

Malgré ces douteux relents moraux, le film reste intéressant.D'abord parceque l'on pourrait voir dans cette libération sexuelle ratée, dans cette proximité entre la drague et la mort, une prescience du sida à venir... ( comme d'ailleurs un autre film de ses années là the cruising) Puis grâce aux interprètes:

Diane Keaton, bien sûr, l'Actrice intéressante de ces années là, elle en a traversé les grands films: les parrains, les woody allen, reds... On la trouvait sexy, nous autres les jeunes de l'époque. c'était la copine idéale, névrosée, intello, jolie. Il faut dire que c'était autre chose, qu'Angelina Jolie par exemple (créature étrange, regard vide, lèvres refaites de telle manière qu'y flotte en permanence quelque chose du sourire de bouddha).

Et puis surtout, il y a une des toutes premières apparitions( et sans doute la meilleure) de Richard Gere, il y fait un loubard, ancien du vietnam, magouilleur, dangereux, à moitié gigolo et super amant. Il est absolument épatant, on ne voit que lui, il crève l'écran. Il bouge magnifiquement. Animal à peine dégrossi, sensuel et sauvage, il impose un oiseau de nuit, inquiétant et attirant, On rêve de ce qu'il aurait pu faire, si par la suite, il n'avait pas autant chassé le blockbuster.

Et puis autour de tout cela, le disco, cette musique, de la fête, de la danse, que je détestais et que j'aime maintenant ( à petite dose )pour ce que je sens de mélancolie derrière la frivolité( le goût de l'instant avec la conscience qu'il ne durera pas). A revoir donc...

vendredi 14 septembre 2007

Good Canary

Pièce de Zach Helm au théâtre comedia avec Vincent Elbaz, Cristiana Reali, Ariel Wizman, Stephane Boucher...
Mise en scène de John Malkovich.
Une pièce donnée en première mondiale, le texte adapté de l'américain n'avait encore jamais été joué.
C'est l'histoire d'une supercherie littéraire monté par un jeune couple, dont l'un des protagonnistes, la femme, en l'occurence, se détruit irrémédiablement.

Très américaine, par la violence des relations sociales, par le côté spectaculaire et quasi culturel du rapport à la drogue et par sa lisibilité,c'est de la ligne claire, elle ressemble parfois à une bonne série américaine (desperates housewifes, weed...).

Le coeur du sujet, c'est la complicité des contraires, celle du ying et du yang, celle du principe male et du principe femelle, et plus exactement le rapport entre destruction et création. Il est incarné par une femme (Christina Reali).

Les rôles ici semblent inversés par rapport à certaines mythologies artistiques et culturelles car c'est l'homme ( Vincent Elbaz ) élément du couple le plus sain qui dans un grand effort normatif tente de garder à la vie la femme qui ne le peut pour faute d'adhérer à la croyance assez répandue qu'exister est mieux de que d'être mort.

Cette pièce parle de de la somme de souffrance irréparable sur laquelle toute création digne de ce nom se construit. Un artiste nourrit son oeuvre de la perte de sa vie.

Il est des blessures dont on ne revient pas, des agressions qui entament mortellement.Dès lors on se survit sans illusions, en gagnant du temps sur la mort, par l'amour, la drogue et la création.

Violée, traitée en objet, à l'aube de sa vie, cette femme rend sa violence au monde en parlant le langage de la vérité, en refusant toute concession, en restant jusqu'au bout dans l'authenticité et la révolte. Toujours, cette voie est sans issue. Mais elle nous permet à nous spectateurs, pauves salariés subordonnés pour la plupart, de vivre par procuration la liberté de celui qui refuse le jeu social.

Parlons des comédiens, la distribution est remarquable, avec un petit bémol pour Vincent Elbaz, Celui-ci très sympathique, cool, incarne une fois de plus,( une fois de trop?), le brave type bien plat. Sans doute ce soir là ( une des toutes premières représentations) eut-il quelques difficultés à trouver l'émotion de son personnage. Et cela fait que s'il arrive à être juste, il n'a rien de passionnant. On peut néanmoins saluer son humilité ( sa naïveté?) car il en fallait pour accepter ce rôle sans zone d'ombre qu'il n'arrive pas à faire décoller au delà du faire valoir.

Il faut dire que Christani Reali est splendide. Mince, passionnée,drôle déchainée, déchirante, elle est à des milliers de lieues de son image de bimbo du feuilleton de l'été aux yeux bleus et aux gros seins . Elle porte la pièce avec simplicité, grâce et émotion.

Les autres comédiens sont à l'envie. Une mention spéciale pour Stéphane Boucher très drôle et gracieux dans un rôle de maquignon de l'édition.

La mise en scène, inventive, pleine de fantaisie et de raffinement apporte beaucoup de poésie au propos tout en soulignant avec délicatesse sa charge émotive.

En résumé deux heures qui passent sans ennui et comme pour tous les bons spectacles l'on ressort touché, changé, avec au coeur une sensibilité et une mélancolie particulière

dimanche 9 septembre 2007

Lacombe Lucien

Saisi sur le cable au hasard du zapping les dernières minutes de Lacombe Lucien.

Quel beau film!

L'acteur, mort peu de temps après le tournage dans la voiture rapide que son cachet lui avait permis de se payer, est excellent. Un beau visage buté et mystérieux avec des yeux comme des fentes. Un accent de pécore...

Il fait à la fois totalement con et plein de profondeur. La jeunesse sans doute...

Film courageux, voire impossible en France où surtout l'ambiguïté par rapport à l'Histoire est interdite.

la physique des catastrophes

commencé à lire la soit-disant "sensation" américaine de la rentrée,
une jeunette qui publie un bouquin de 700 pages " La physique des catastrophes"qui arrache des cris d'enthousiasme à Elle ou Fémina ,je sais plus...

Bon et bien c'est pas mal,c'est appliqué, l'auteur se donne un mal de chien pour trouver des comparaisons originales, c'est assez drôle et sincère.
Et pourtant pour le moment (115 pages), je m'emmerde un tantinet, je ne suis pas encore dans la "litterature". Manque d'émotion sans doute, trop d'afféteries et pas assez de fond.

Cependant comme on sent que l'auteur est intelligente, ' qu'elle a de l'abattage, que l'on reste sur un grand souvenir du "maitre des illusions" ( à qui La physique .... a été comparé) on insiste en espérant à un moment ou un autre être submergé par la lame de fond de la mayonnaise en train de se lier.

A suivre sans doute, si d'ici là le bouquin ne me tombe pas des mains.

vendredi 7 septembre 2007

choses lues,vues...

Je suis un amateur de littérature, de cinéma, de séries américaines, voire de théâtre... Personne quoi...

Dans ma vie professionnelle,comme tout un chacun j'imagine , je m'emmerde à cent sous de l'heure. Je passe mon temps à compter sur les doigts les jours qui me séparent du week-end. Au moment des repas avec les collègues, on parle de nos gosses, du patron, de Sarkozy, de nos vacances de caves, bref de tout donc de rien...

Pourtant moi le gentil dauphin, parfois , souvent même, tout le temps en fait, je lis, je vois des films... Et j'éprouve l'étrange besoin d'en parler (même si c'est pour ne rien dire). En effet, il faut bien faire quelque chose de ce qui n'est jusqu'à présent qu'une obscure jouissance.

Car ( Attention! Moment grandiloquent) la vraie vie est là et uniquement là! Dans l'autre, la fausse, je me traîne, je ne suis qu'une ombre de la nuit (Allez Milord!). Rien de bien tragique, je pourrais avoir le cancer.

Bon bref, la raison de ce blog ( dont tout le monde se fout j'imagine) est que je veux tenir un petit journal critique et sans prétention de mes pérégrinations d'amateur solitaire dans la littérature et le cinéma.

Allez hop! Je commence

Cet été, j'ai lu un truc sadique, assez malodorant mais fascinant tout de même sur les tueurs en série par Bourguoin, le spécialiste français de la chose. Ca tue, ça viole, ça bouffe de la viande humaine, ça baise de la viande morte, par paquet de 10 cadavres ,voire de 100....On ne s'ennuie pas un instant, il y a de la bidoche à toutes les pages. Impeccable pour la plage! Le vent, la mer, la mouette, le sentiment de liberté nettoyant toutes les mauvaises petites odeurs de cette basse littérature.


Car on ne fait pas de bonne littérature avec les tueurs en série, sujet trop sensationnaliste! Ils sont trop inhumains, trop éloignés de nous. Le monstre paradoxalement rassure, on peut en lisant ses exploits satisfaire ses instincts sadiques, son besoin de puissance, sans risque puisqu'il est tellement trop, que forcément ( Ah Marguerite...) il est un autre.

Voilà pourquoi Hannibal Lecter sera toujours du grand guignol et son interprète A. Hopkins un cabot intolérable, atroce, pas regardable ( dans le temps où il était mince et où il ignorait qu'il était bon, et ben il était bon, je pense à certains de ses films anglais des années 70, Terreur sur le Britannia, et aussi au début de sa carrière américaine).

Sur la plage, entre deux averses, j'ai lu aussi la première partie des mémoires de Gore Vidal :Palimpseste ( Très drôle, il fait du name dropping gay: j'ai pas de génie mais j'en ai sodomisé un:Jack Kerouac. )

Puis enfin un chef d'oeuvre: Vie et destin. Voilà pour mes lectures d'été, j'en dirai quelques mots dans un post ultérieur. Enfin, peut-être...