samedi 6 octobre 2007

Trois cent de Zack Snyder

Adapté tout comme Sin city d'une BD de Franck Miller dont je ne connais pas l'oeuvre.

Dans les deux films, il y a un travail sur l'image, une très grande stylisation, destinée à la rapprocher du dessin...Dans les deux, le résultat est très beau...

Dans Sin city, film à sketchs, j'avais surtout retenu l'épisode avec Mickey Rourke. Car de ce qui reste de lui, parfois émerge encore un acteur magnifique. Bien sûr, il s'est tellement détruit, qu'il faut qu'il soit redessiné, remastérisé en créature, mi-bête mi-homme, pour redevenir regardable mais alors quel spectacle!

L'âme lui passe par tous les pores!

Tout comme Rimbaud, Brando, c'est quelqu'un que l'on aime autant pour ce qu'il a fait, que pour ce qu'il a gâché. Superbes losers! Le dégoût qu'ils prennent pour leur art, leur auto-destruction est aussi la signature de leur pureté.

Mais revenons aux Trois cents...

Censé évoquer la bataille des Thermopyles où trois cent spartiates arrêtèrent des milliers de perses.

Une réalisation superbe, une image donc rédéfinie, peinte, très belle, proche du dessin animé et permettant par là une distanciation à la violence.

Et c'est heureux car le film est très facho, il prône le refus de la différence. Il commence par une scène déplaisante, le massacre des bébes... Sparte pratique un eugénisme brutal, en effet tout ceux qui à la naissance ne sont pas conformes au modèle sont éliminés.

Sparte, dévolue à la guerre, se construit sur un tas de cadavres. Les jeunes subissent une éducation ultraviolente dont seuls les plus forts survivent. Voilà qui n'est pas sans évoquer des troisièmes reichs pas si lointains.

Cela n'empêche pas leur chef prognate de prétendre, absurdement, lutter pour la liberté.

C'est donc à cette société fasciste qu'il va falloir s'identifier.

Des millions de perses menacent la Grèce.

La minceur du propos est aussi sa force et c'est là que l'on se rend compte que la bande dessinée est beaucoup moins poliquement correcte que le cinéma, les spartiates manifestent une férocité, un entrain à la guerre et donc une folie finalement très réjouissante. Sans doute dans cette joyeuse barbarie y-a-t-il un peu de l'état d'esprit antique, alors préservé des valeurs chrétiennes? En cela, c'est beaucoup plus intéressant que le gladiateur de Ridley Scott au préchi-précha humaniste ridiculement anachronique.

Scène magnifique où une nuée de fléches tapisse le ciel et retombe telle une pluie mortelle sur les spartiates qui protégés par leur bouclier sont pris de fou rire, tout à la joie de la guerre.

Bien sûr cette motivation imbécile et permanente, cet esprit de corps hystérique, se résume tellement à cela que les Trois cent font parfois plus penser à une équipe de footballeurs américains, dopés et conditionnés, qu'à des guerriers grecs, dépositaires de la philosophie et de la culture du berceau de l'occident.

Les scènes de batailles renvoient souvent au Seigneur des anneaux. Le fait que des mêmes acteurs soient dans les deux films accentue encore le parallèle (Le survivant qui "va dire à Sparte" jouait un des fils du régisseur du Gondor. Il est d'ailleurs excellent car complétement différent, beaucoup plus d'une pièce, plus dans la force sèche que dans The Lord où il faisait un peu son sensible).

Dans Trois cent comme dans la trilogie de Jackson, on voit des éléphants, des trolls et des monstres ( l'ennemi est toujours monstrueux, le traitre est un être difforme, les immortels, soldats d'élite de Xerxés ont des faces horribles sous leur masque. Seul le roi des perses , autoproclamé dieu vivant qui est un athlète gigantesque, paraît échapper à cette malédiction, cependant couvert de percing et de bijoux, très maniéré, il ressemble plus à la grande zaza qu'à un conquérant. Sans doute est-ce encore une manière de stigmatiser la différence que de la présenter comme une corruption? Mais dans le fond qu'y-at-il de plus homo que ces spartiates inséparables, à moitié nus, folles de leur corps?).

A part ça, peu d'émotion, peu de transcendance, cela ne décolle jamais au dela du truc bien ficelé mais sans âme...

Je me demande alors pourquoi j'ai pondu un pavé pareil...

Sans doute parceque somme toute c'est un bon divertissement, qui de plus est vraiment dans l'air du temps avec la coupe du monde de rugby qui se déroule...pratiquement.. sur notre sol.

1 commentaire:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.