vendredi 16 novembre 2007

De la difficulté de lire après le combat

Drôle de pistolet que ce sire là!

Mal aimé des fées, triste figure, gus renfrogné, ce quidam qui cache son menton dans son cou, s'acharne beaucoup pour obtenir peu.

Son naturel n'est pas la facilité.

Affronter le quotidien lui fait l'effet de porter le monde sur ses épaules.

Aujourd'hui, comme tous les jours, il a beaucoup perdu pour gagner sa journée.

Il joue sa vie, croit-il.

Après le labeur, il se voit comme un survivant, un guerrier zébré de blessures et brisé par la fatigue des combats.

Pourtant au travail, il joue prudemment. Pas question de relever des challenges, de dépasser les objectifs, d'être force de proposition... Il fait le dos rond, son seul but est d'éviter la catastrophe qui à tout moment menace de l'écraser.

Ce soir,une fois de plus, le miracle s'est produit. Il est arrivé au bout de sa journée!

IL EST VIVANT!

Le corps chiffon, la tête vide, la bouche pleine de sandwich au fromage, il s'affale sur le divan, devant la télé qui braille. Il n'aspire plus qu'à appliquer à son esprit meurtri des emplâtres d'émissions dîtes de divertissement, de celles où l'on applaudit toutes les trentes secondes.

Bien sûr une voix huhule entre ses tempes: "qu'as tu fais de ta jeunesse Guillaume?"

Il ne s'appelle pas Guillaume mais il a lu autrefois.

Enfin il est au lit, moulu, membres brisés. Etendu au chaud, au doux, il sent la fatigue monter comme une mer, l'aplatir sur le matelas, c'est bon...

Il reste un long moment les yeux fermés, est sur le point de s'endormir, fait même quelques mini-rêves puis péniblement,il s'arrache à la succion de la fatigue. Il se saisit d'un lourd pavé et l'ouvre. C'est Les disparus de Mendelsohn. Il n'en est encore qu'au début.

L'holocauste en filigrane... Une famille juive originaire d'europe de l'est vit aux Etats Unis, un petit garçon sent que sa présence est en lien avec un non-dit abyssal et douloureux, des gens pleurent quand il rentre dans une pièce, son grand père a perdu frère et soeurs pendant la guerre, c'est un homme élégant, très pieux et ... Et...

Alors, le lecteur, petit bureau besogneux, morceau méritant de la France qui se lève tôt, les membres flanelles épandus, bascule avec délice dans le sommeil, l'oubli des écorchures de l'âme....

Ses rêves valent toutes les lectures.

Les disparus, semblant pour le moment d'une bonne facture, l'horrible travailleur en fera certainement un compte-rendu sérieux dans une prochaine rubrique.

2 commentaires:

anti-sousmarin a dit…

Et non,finalement je n'ai pas été au bout : des disparus, ce livre bouleversant par moment et bien emmerdant le plus souvent...

Cela dit après tous ces livres sur l'holocauste, après les bienveillantes,après Vie et destin, on reste encore choqué et surpris par les atrocités nazies qui décidément dépassent l'entendement.

c'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'on a pas finit d'en parler.

Anonyme a dit…

Good for people to know.