vendredi 2 novembre 2007

Le petit Coppola

Article assez tordant dans le Monde 2. L'on ne sait trop si c'est l'angle de vue du journaliste ou si c'est un reflet d'une certaine réalité mais Francis Ford Coppola, réalisateur gigantesque, y apparaît bien triste et amer. Il fait le bilan de sa sombre existence et explique qu'on lui a volé sa vie! Le pauvre n'a pas fait les films qu'il voulait!

En réalité, dit-il, il n'était pas fait pour réaliser des superproductions mais pour faire de petits films artisanaux. Voilà pourquoi, à soixante-huit ans passés, revenant vers les petits budgets, il a le sentiment d'avoir enfin trouvé sa voie.

Mais que de ratés, que d'échecs avant cette illumination:

Le parrain, le parrain 2, conversation secrète, Apocalypse Now...
Une vie brisée en somme. On en pleure.

Plus sérieusement, certes, Coppola n'est pas à l'origine du premier parrain, qui est une commande et qu'il voyait comme une entreprise uniquement commerciale, certes le roman est mauvais mais à l'arrivée, quel film! Quels films même devrais-je dire, le second étant encore meilleur que le premier.

Des chefs d'oeuvre, des tragédies sur lesquels le temps n'a aucune prise, classiques, intemporels.... Radiographie critique de l'Amérique, décors somptueux, magnifiques personnages de monomaniaques qui aspirent tout l'air autour d'eux à force d'être possédés par leur idée fixe.

Je souhaite à tous les réalisateurs de faire des carrières involontaires de ce genre.

Heureusement, quand on arrive à la fin de cet article au ton misérabiliste, on est soulagé d'apprendre de la bouche même de Coppola qu'il n'est pas seulement riche mais immensement riche. Voilà qui doit mettre du baume sur ses plaies d'artiste brimé.

Si l'on passe sur le pathos ridicule du journaliste du monde 2 et s'il y a un fond de vérité dans cet articulet, il est presque émouvant de voir que ce démuirge de Coppola, revenu de toutes les apocalypses artistiques et financières, a toujours et encore envie de filmer et que pour rester dans la passion, dans l'invention, il se raconte que c'est la manière de sa jeunesse avec des moyens légers qui lui convient.

Lui aussi est dévoré par son idée fixe, filmer...Jusqu'au bout...

Son dernier film est une adaptation de Eliade avec Tim Roth.

Pas de quoi être triste.

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