vendredi 14 septembre 2007

Good Canary

Pièce de Zach Helm au théâtre comedia avec Vincent Elbaz, Cristiana Reali, Ariel Wizman, Stephane Boucher...
Mise en scène de John Malkovich.
Une pièce donnée en première mondiale, le texte adapté de l'américain n'avait encore jamais été joué.
C'est l'histoire d'une supercherie littéraire monté par un jeune couple, dont l'un des protagonnistes, la femme, en l'occurence, se détruit irrémédiablement.

Très américaine, par la violence des relations sociales, par le côté spectaculaire et quasi culturel du rapport à la drogue et par sa lisibilité,c'est de la ligne claire, elle ressemble parfois à une bonne série américaine (desperates housewifes, weed...).

Le coeur du sujet, c'est la complicité des contraires, celle du ying et du yang, celle du principe male et du principe femelle, et plus exactement le rapport entre destruction et création. Il est incarné par une femme (Christina Reali).

Les rôles ici semblent inversés par rapport à certaines mythologies artistiques et culturelles car c'est l'homme ( Vincent Elbaz ) élément du couple le plus sain qui dans un grand effort normatif tente de garder à la vie la femme qui ne le peut pour faute d'adhérer à la croyance assez répandue qu'exister est mieux de que d'être mort.

Cette pièce parle de de la somme de souffrance irréparable sur laquelle toute création digne de ce nom se construit. Un artiste nourrit son oeuvre de la perte de sa vie.

Il est des blessures dont on ne revient pas, des agressions qui entament mortellement.Dès lors on se survit sans illusions, en gagnant du temps sur la mort, par l'amour, la drogue et la création.

Violée, traitée en objet, à l'aube de sa vie, cette femme rend sa violence au monde en parlant le langage de la vérité, en refusant toute concession, en restant jusqu'au bout dans l'authenticité et la révolte. Toujours, cette voie est sans issue. Mais elle nous permet à nous spectateurs, pauves salariés subordonnés pour la plupart, de vivre par procuration la liberté de celui qui refuse le jeu social.

Parlons des comédiens, la distribution est remarquable, avec un petit bémol pour Vincent Elbaz, Celui-ci très sympathique, cool, incarne une fois de plus,( une fois de trop?), le brave type bien plat. Sans doute ce soir là ( une des toutes premières représentations) eut-il quelques difficultés à trouver l'émotion de son personnage. Et cela fait que s'il arrive à être juste, il n'a rien de passionnant. On peut néanmoins saluer son humilité ( sa naïveté?) car il en fallait pour accepter ce rôle sans zone d'ombre qu'il n'arrive pas à faire décoller au delà du faire valoir.

Il faut dire que Christani Reali est splendide. Mince, passionnée,drôle déchainée, déchirante, elle est à des milliers de lieues de son image de bimbo du feuilleton de l'été aux yeux bleus et aux gros seins . Elle porte la pièce avec simplicité, grâce et émotion.

Les autres comédiens sont à l'envie. Une mention spéciale pour Stéphane Boucher très drôle et gracieux dans un rôle de maquignon de l'édition.

La mise en scène, inventive, pleine de fantaisie et de raffinement apporte beaucoup de poésie au propos tout en soulignant avec délicatesse sa charge émotive.

En résumé deux heures qui passent sans ennui et comme pour tous les bons spectacles l'on ressort touché, changé, avec au coeur une sensibilité et une mélancolie particulière

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