samedi 6 novembre 2010

The Social Network de David Fincher




















Vu le film et lu le livre (la revanche d'un solitaire) à la suite. Ce qui a suscité la seconde action est bien sûr la première car habituellement j'ai peu de goût pour "les success story", comme ils disent au journal télévisé. D'autant plus quand le protagoniste est un puceau blafard à la Bill Gates. Mais si le livre est bien écrit, ce film est ce que j'ai vu de mieux depuis très longtemps. Brillantissime! Dense, riche et exaltant dans sa forme. La bande son techno créée par Trent Reznor et Atticus Ross est superbe et rythme de manière hypnotique cette histoire soulignant sa modernité mais aussi sa matière émotionnelle.

Les dialogues filent comme l'éclair, figurant ainsi la vitesse de la pensée des personnages. Ils sont parfois abscons faisant allusion à des choses énigmatiques pour les petits français, comme les finals clubs, ces cercles d'étudiants très fermés qui ne recrutent que par coptation. De plus Mark Zuckerberg ou du moins son personnage ne répond pas toujours immédiatement à la question posée mais plusieurs répliques plus tard. On se demande donc assez souvent mais de quoi parlent-ils? Sans que cela d'ailleurs n'enlève aucun intérêt au film, bien au contraire. Aucun effort pédagogique n'étant fait pour nous rendre l'univers de Harvard plus lisible, il nous apparait ainsi sous un jour presque crypté pour rejoindre le vocabulaire informatique et surtout totalement exotique. Et paradoxalement, plus nous nous sommes dépaysés plus le film est confortable. Nous voyageons.

L'avenir va se révéler au sein de ce lieu pétri de traditions ou semblant tel. Car les régles de gentlemen n'engagent que ceux qui y croient. La vie est un combat sans pitié et des jumeaux WASP à qui tout est donné vont devoir le découvrir. Si Zuckerberg amasse une fortune colossale, eux perdent leur innocence de nantis.

Pas de manichéisme, aucun camp n'est plus sympathique ni antipathique que l'autre. A qui appartient une idée? A celui qui la concrétise, qui lui donne toute son ampleur, qui en perd le boire et le manger ? Ou à celui qui l'émet?

Et si elle n'appartenait à personne, si elle flottait dans l'air, et s'il suffisait d'être le premier à s'en saisir pour ensuite se laisser porter par le courant? Comment la seule volonté pourrait-elle présider une telle réussite?

Un autiste crée le plus grand réseau social virtuel du monde, l'ironie est belle. En tout cas comme une star du rock'n roll (ce film est rock n' roll), il devient célèbre parcequ'il veut séduire les filles. Mais il ne connait que des histoires sans lendemain. S'il a quelques amis, ils ne résistent pas au succès à l'argent," à la première division"... Et il se retrouve seul assis sur un tas de millards.

Alors le film de manière très humaine, reprends là où il a commencé, comment rompre sa solitude?