samedi 15 mars 2008

Batailles

de J.M Ribes et Roland Topor
avec Pierre arditi, François Berléand, Tonie Marshall au théâtre du Rond-Point

Reprise de pièces écrites, il y a 25 ans alors que Topor était encore vivant et qu'il était ami avec Ribes.

j'aimais et respectais beaucoup Topor, artiste atypique, exempt de putasserie audiovisuelle et politiquement correcte, écrivain, dessinateur, comédien à l'occasion (son rire dans Nosferatu de Wenders, "le maître arrive!!!!", est le seul truc d'ailleurs qui me reste de ce film pompeux et pompé...)

J'avais lu ses " mémoires d'un vieux con" et j'avais trouvé ce name dropping très drôle et rendant bien le pédantisme des mémoires d'artistes ou de sattelites de ces derniers qui ne peuvent s'assoir à une table sans rencontrer Marcel Proust et Beckett, ni discuter avec Joyce sans lui souffler l'idée d'Ulysse. Comme quoi la connerie est la chose la mieux partagée du monde. et ni la culture, ni l'intelligence n'en protège. La vanité est démocratique, elle infecte tout le monde.

Pour la vanité "N'importe quoi,c'est mieux que rien du tout" ,disait d'ailleurs Céline, à propos de ces colons imbéciles qui dans le Voyage, font des concours de fièvre et sont très fiers quand ils gagnent l'épreuve grâce à une poussée particulièrement virulente de leur paludisme.

Donc Topor et JM Ribes qui s'appréciaient beaucoup ont écrit quelques piecettes à deux mains autour du thème de la bataille.

"...en un mois...dans un fou rire de gosses" raconte Ribes.

A l'occasion du 11e anniversaire de la mort de Topor (le 10e aurait fait vraiment trop esprit de sérieux) et de sa très estimable lutte par le rire, Ribes redonne au Rond-point ces oeuvres avec un duo de professionnels chevronnés (Arditi et Berléand) auquels s'ajoute la comédienne et réalisatrise Tonie Marshall.

Le théâtre du Rond-point malgré la chaleur de l'esprit qui y règne est un lieu très froid qui mange un peu les décors et les atmosphères. Les spectacles, là-bas, ont toujours fort à faire pour lutter contre cette emprise.

Batailles n'échappe pas à la régle et bien que les décors soient parfois assez élaboré, l'ensemble fait assez pauvre.

Restent le texte et les acteurs...

Dès le début,"Qu'est-ce que vous faites Plantin ?
Je scrute..." On ne peut s'empêcher de penser à Beckett et,notamment à celui de fin partie, et la comparaison bien sûr n'est pas à l'avantage de Batailles qui reste un persiflage absurde et brillant mais est bien loin de la profondeur du premier.

Tant de pointures en littérature, sont allées tellement plus avant dans ce registre(Beckett,Ionesco, Pinter même...). Cette musique là, déjà, a été joué et rejouée, dépassée, enfoncée, éclatée, éparpillée...

Si Berléand est sobre, Arditi au départ, qui a un jeu très boulevardier laisse un peu perplexe.

Tonie Marschall est la plus courte. Elle interprète des monologues (plus faible au niveau de l'écriture que les pièces, il faut le reconnaître). Et dans cette exercice extrêmement difficile, elle est bien juste. Sans aucun abattage, avec une pauvre voix blanche, elle endort rapidement son spectateur.

Heureusement, les autres textes sont plus enlevés, on finit par s'habituer au jeu d'Arditi et tout particulièrement dans la dernière partie, anti boulevard burlesque, on rit de bon coeur.

Le spectale se termine au moment où l'on commençait à être chaud et l'on reste un peu sur sa faim; Déjà?

Du rire donc, certes un peu léger et vain, vielli peut-être, mais sans prétention. Le spectacle reste entre le café théâtre et le théâtre mais l'on s'ennuie très peu, c'est tellement rare au théâtre qu'il faut le saluer.

Une mention particulière pour le jeu sobre, humble et finalement très fort de Berléand. On peut donc être une vedette au cinéma et savoir tenir sa place. Bravo...

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