samedi 16 février 2008

Deer hunter


J'ai choisi le titre anglais non pas par snobisme mais parceque le titre français "Voyage au bout de l'enfer" est vraiment trop racoleur, avec son espèce de référence à la fois à Lf Céline avec lequel évidemment il n'a rien à voir et également aux films de guerre de série B avec lesquels il n'a pas plus de rapport.

Les distributeurs français misent sur le sadisme des spectateurs...

"Deer Hunter" par contre fait penser aux romans de Feminore Cooper avec ses coureurs des bois et toute la mystique du lien à la nature. Il y a une dimension spirituelle et méditative, complétement absente du titre français.

Cette adaptation grossière évoque un autre chef d'oeuvre américain dont la tonalité romantique du titre avait été saboté :" La poursuite infernale" de John Ford , tellement loin de l'original: "My darling clementine" qui est d'une douceur paraxodale et bien intriguante quand on songe que l'histoire raconte le fameux combat d'OK Corral avec Wyatt Earp et ses frères. Le cinéma de Ford est d'ailleurs tout sauf violent, il s'intéresse aux femmes, à l'amour, aux gens ordinaires, à l'avancée de la civilisation sur la sauvagerie mais aussi à la mélancolie qui accompagne la disparition du vieil ouest...

Mais revenons à Deer Hunter et essayons d'éviter les hyperboles. Cela va être difficile...

1978. C'est le film de ma génération, avec ceux de mon âge, on s'est rejoué, raconté des dizaines de fois les scènes phares, le mariage et le mauvais présage de la tâche de vin, les chaussures que De Niro refuse de prêter lors de la chasse, la roulette russe...

Les comédiens sont en plein dans leur mugnificience: De niro mystèrieux, classe et sobre, si loin de ses grimaces actuelles, était encore légendaire, Walken si étonnant avec sa jeunesse, son mélange de dureté et de féminité, Cazale merveilleux dans le rôle du con de service- Ce fut son dernier film, marié ou en tout cas en couple avec Meryl streep, il était déjà très malade, atteint par le cancer des os qui allait l'emporter- Meryl à l'époque juste aperçue dans Holocoste est belle, gauche, émouvante, toute en sensiblité et nuances, Savage fragile et écorché ( qui aura là sans doute le rôle de sa carrière et qui ne tiendra pas toutes les promesses qu'il laissait entrevoir dans ce film).

L'alchimie mystérieuse,talent, âge des comédiens, époque, scénario, metteur en scène, chance, que sais-je encore?... fait que la sauce prend et que le spectacle est admirable. En même temps qu'un sommet, et cela ne lui donne finalement que plus de valeur, ce film est un adieu, Cimino après cela n'atteindra plus jamais un tel niveau ( bien que l'année du dragon reste largement honorable ). Un chef d'oeuvre est toujours un miracle, il faut que quelque chose d'extérieur y mette du sien.

Petite ville de Pennsylvanie, le coeur ardent des aciéries, trois ouvriers d'origine slaves vont partir au Vietnam et pour certains parfois oublier qui ils sont. Car finalement c'est un film sur l'identité, être américain (être humain), c'est quoi? c'est venir de quelque part et s'en souvenir. Si l'on perds de vue, cet ancrage, l'on meurt.

Un leader naturel,De Niro, émergera des tragiques évènements et ramènera les brebis égarées, vivantes ou mortes,sur le sol natal, au milieu de leur communauté, là où elles reprendront la place et le sens qui leur reviennent.

C'est un film très violent pour ses scènes de guerre, qui d'ailleurs n'ont rien de réalistes et tiennent plus de l'allégorie. Centrées sur le thème de la roulette russe, elles figurent la guerre où l'on joue sa vie sur la table du hasard. C'est une sorte de jeu affreux mais exaltant que certains ensuite ne peuvent s'empêcher ensuite de rejouer incessamment, misant à chaque fois un peu plus de leur vie.

Au milieu de toute cette sauvagerie, il y a une grande délicatesse de sentiments, ces gens sont rudes mais extrêmements timides, ces jeunes qui partent à la guerre sont pour la plupart vierges. Les sentiments passent par les regards, les attitudes... Les personnages de Walken et Streep qui c'est évident sont attirés l'un par l'autre, ne finiront par s'embrasser que lorsque Walken dans un grand élan de courage lui demandera tout à trac de l'épouser ce qu'elle acceptera ( ce que la bouche le dit le coeur le pense )...Passage merveilleux qui sera finalement le seul moment d'amour que connaîtra ce pauvre jeune homme.

Quant à De niro, courageux, d'une classe supérieure aux autres, mais sauvage, violemment timide, incapable de communiquer ses sentiments, il est effrayé par les femmes et quand il est au lit pour la première fois avec Meryl streep, il ne trouve pas d'autre recours que de faire semblant de dormir.... L'amour lui est plus difficile que la guerre...

C'est la vie des petites gens et le courage insensé qu'il faut pour exister et tenir ensemble... A voir, voir,voir,voir et revoir.... Le film se bonifie à chaque vision...

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