samedi 16 février 2008

Funny Games

De Michael Haneke

Bien entendu ces jeux n'ont rien d'amusant, ils sont absolument atroces. C'est un film qui laisse perplexe tant il est malsain et difficilement supportable.

On commence par suivre, une famille de bobo, un peu crispante, avec sa façade culturée, sa sociabilité suave et son niveau de vie conséquent... Ils vont en villégiature...

Un cadre magnifique, grand lac, vertes forêts, la Bavière?

Puis viennent deux jeunes gens très polis, aux allures de vacanciers, issus à coup sûr du même milieu mais qui se révéleront être des criminels de la pire espèce, des tueurs qui vont les massacrer sans aucune autre raison que le plaisir qu'ils semblent y prendre.

C'est à peine soutenable et pourtant rien n'est gore dans le traitement, les scènes de violence sont plus suggérées que montrées. Les assassinats se passent souvent hors champ....

L'horrible ici vient de ce que l'on sent, que l'on sait qu'aucun des codes hollywoodiens ne sera respecté, les méchants punis, les innocents sauvés, mais que tout peut arriver, même et surtout le pire...

Ainsi la menace qui pèse sur le petit garçon de la famille est intolérable...

La situation est affreuse à cause de la tension psychologique crée par la gratuité de cette agression mais aussi par sa montée en puissance. A partir d'une banale et triviale affaire d'oeuf, l'on débouche peu à peu, inéductablement, sans rien pouvoir freiner, dans le monstrueux.

L'on comprend qu'à cause de leur futilité de leur mobile les agresseurs sont sans limites,sont hors de toute rationalité, de toute empathie...

Rien ne peut les atteindre, aucun argument, aucune supplication, ils iront au bout de leur projet...

Si la pauvre famille est dans le tragique, les agresseurs eux s'amusent. Ils jouent au chat et à la souris avec leurs victimes... Alternant pression et moment de relâchement, prenant la situation comme un jeu, saupoudrant leurs actes criminels d'un persiflage permanent, d'un commentaire amusé de présentateur télévisé qui en renforce l'horreur.

Sont-ils dans la réalité,sont-ils dans la fiction???

L'un des jeunes criminels adressent souvent des coups d'oeil de connivence à la caméra, revient même en arrière dans le temps quand la tournure des évènements lui déplait...

Visiblement et il le dit lui-même fiction et réalité, c'est la même chose...

S'agit-il de ces jeunes gens dénaturés par les médias et les jeux videos, qui ne font plus la différence entre le monde virtuel et le réel ou s'agit-il de dénoncer le sadisme policé mais extrêmement violent de la télévision ou l'autre souvent n'est qu'un objet?

Un monde où le regard de la caméra à force de scruter les êtres les réifie

Banal et assez peu intéressant....

S'agit-il plutôt de rendre compte du mystère de la folie criminelle qui peut parfois, se déclencher sans signes avant-coureur, sans déterminisme social, sans rien qui puisse l'expliquer?

L'on pense à tous ces jeunes gens qui se sont mis à mitrailler leurs camarades dans les universités américaines, l'on pense même au nazisme avec ses bourreaux si cultivés qui jouaient du Bach à côté des chambres à gaz.

Dans le fond, peu importe, l'on garde de ce film une impression puissante et persistante de malaise...

Est-ce un bon film? Je n'en sais trop rien, il est en tout cas intéressant par sa radicalité, par son refus des concessions et de la facilité, par la violence extrême de son propos et par sa forme qui toujours sait rester sobre.

A voir donc (un jour où l'on est en forme, bien sûr)...

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